sujet I
Texte : (Ce texte un extrait du discours prononcé par LUMUMBA le jour de l'indépendance du Congo)
LUMUMBA :
Moi, Sire, je pense aux oubliés.
Nous sommes ceux que l‘on déposséda, que l'on frappa. Nous sommes ceux que l'on tutoyait, ceux à que l’on crachait au visage. Boys - cuisine boys — chambres, boys, comme vous dites, lavandières, nous fumes un peuple de boys, un peuple de oui — Bwana, et qui doutait que l‘homme n’avait qu‘à nous regarder, Sire, toute souffrance qui se pouvait souffrir, nous l’avons soufferte. Toute humiliation qui se pouvait boire, nous l’avons bue !
Mais, camarades, le goût de vivre, ils n'ont pas pu nous l’affadir dans la bouche, et nous avons lutté, avec nos pauvres moyens, lutté pendant cinquante ans.
Et voici : nous avons vaincu.
Notre pays est désormais entre les mains de ses enfants.
Nôtre, ce ciel, ce fleuve, ces terres.
Nôtre, le lac et la foret (...)
Congolais ; aujourd’hui est un jour grand.
C’est le jour où le monde accueille parmi les nations
Congo, notre mère
Et surtout Congo, notre enfant,
Lenfant de nos veilles, de nos souffrances, de nos combats.
Camarades et frères de combat, que chacune de nos blessures se transforme en mamelle !
Que chacune de nos pensées, chacune de nos espérances
Soit rameau à brasser à neuf l'air
Pour Kongo ! Tenez je l’élève au -dessus de ma tête ;
Je le dépose par terre et vous demande à vous en vérité,
Connaissez-vous cet enfant ? Et vous répondez tous : c'est Kongo notre roi !
Je voudrais être toucan, le bel oiseau pour être à travers le ciel, annonciateur, à races et langues que
Kongo nous est né, notre roi !
Kongo, qu’il vive l
Kongo, tard né, qu'il clôture la palabre !
Camarades, tout est à faire, tout est à refaire,
Mais nous le ferons, nous le referons, pour Kongo !.
Nous reprendrons les unes après les autres, toutes les coutumes, pour Kongo !
Traquant l’injustice, nous reprendrons, l’une après l’autre
Toutes les parties du vieil édifice, et du pied à la tête, pour Kongo !
Tout ce qui est courbé sera redressé, tout ce qui est dressé sera rehaussé
Pour Kongo !
Je demande l'union de tous
Je demande le dévouement de tous ! Pour Kongo !
Aimé Césaire, Une Saison au Congo, Éditions du seuil, 1967
I. Communication
1 a) A partir d'indices repérés dans le texte, identifiez les différents protagonistes de cette situation de communication et déterminez leur rôle respectif. 1 pt
b) Quels rapports ces protagonistes vous semblent t-ils entretenir ? 1 pt
c) Quelle influence ces rapports ont-ils sur le propos de l’énonciateur ? 0,5 pt
2- a) Quel est le principal référent dans ce texte ? 0,5 pt
Par quels substituts l’énonciateur le désigne-t-il tout au long de son propos ? 1pt
b) Quel sentiment le choix de ces différents substituts révèle- t- il chez l’énonciateur ? 1pt
Il Morphosyntaxe
1- Repérez les trois temps dominants dans ce texte. 1 pt
Comment pouvez- vous justifiez leur emploi ? 1,5 pt
2- A qui renvoie le pronom indéfini « on » employé au début du texte ? 1 pt
Comment pourrait- on expliquer son utilisation par l’énonciateur ? 1,5 pt
III Sémantique
1 - Repérez dans le texte les champs lexicaux de la souffrance, de la lutte et du changement. 1,5 pt
Que révèle leur association sur révolution de la situation décrite ? 1 pt
2 Déterminez le champ sémantique du mot « Kongo » dans le texte ; et précisez les sentiments que révèlent les différentes significations données à 0e mot. 1,5 pt
IV Rhétorique
1 A partir du lexique, des figures de style et des procédés d’écriture employés, déterminez la tonalité dominante de ce passage. 1.5 pt
Quels effets de sens le texte tire-t-il de l'emploi de cette tonalité ? 1 pt
2. Par quels procédés l’énonciateur s'efforce-t-il d'impliquer ses différents destinataires dans son énoncé ? 1,5 pt
A quelle fin précise ? 1 pt
sujet II
Texte : Prologue (1)
L'idée que je me faisais de lui était celle d'un homme ordinaire, au caractère facile, dépourvu de méchanceté, celle d'un homme sans qualités particulières. Le genre de personne que des amis d'université, qui se rencontreraient au bout de plusieurs années, tenteraient de se rappeler en disant « Ben Du Toit ?» Interrogation suivie d'un silence cocasse « et d'une réponse tiède : « ah ! Oui, bien sûr. Un type sympa. Que lui est-il arrivé ? » Sans jamais penser que cela pourrait lui arriver.
Voilà pourquoi je dois peut-être parler de lui. J’avais confiance en lui - pour l'avoir assez bien connu. Il y a longtemps du moins. Il gémit brusquement désagréable de découvrir qu'il était un étranger. Cela semble-t-il mélodramatique l n'est pas facile de se défaire de ses habitudes quand on écrit depuis tant d’années des histoires romantiques.
« Délicates et charmantes histoires de viol et de meurtre. » Mais je suis sérieux. Sa mort lançait un défi à tout ce que j’avais toujours pensé ou ressenti à son sujet.
Elle fut annoncée de manière très banale - page quatre, troisième colonne du journal du soir. Un professeur de Johannesburg a été tué dans un accident. Ecrasé par une voiture. Le chauffeur a pris la fuite. Mr Ben Du Toit (cinquante-trois ans), vers onze heures, hier soir. Il allait poster une lettre, etc. il laisse sa femme Susan, deux filles et un jeune fils.
À peine suffisant pour un haussement épaules ou un signe de tète. Mais à ce moment-là, ses papiers m’étaient déjà parvenus. Suivis, ce matin, par cette lettre, une semaine après l'enterrement. Et me voilà pris au piégé, avec la vie d'un autre, éparpillé çà et là, sur mon bureau : journaux intimes, notes, griffonnages sans lien les uns avec les autres, vielles factures payées ou non, photographies ; le tout, emballé sans distinction et adressé chez moi (...)
En regardant tous ces papiers, de son point de vue à lui, je trouve tout çà encore plus incompréhensible. Pourquoi avait-il dû me désigner pour écrire cette histoire ? À moins que ce soit l'expression même de la gravité de son désespoir. Il ne suffit pas de dire que nous étions compagnons de chambre à l'université ; j'avais d'autres amis, plus proches de moi qu’il ne l'avait jamais été.
André Brink, Une saison Blanche et Sèche, romane stock, 1979.
(1) prologue : première partie d'un roman présentant des événements antérieurs à l'action proprement dite.
I Communication (5 pts)
1 Identifiez et analysez les différentes voix narratives qui s’expriment dans ce texte… Quel est l'effet produit par ce mélange de voix ?
2 Quels sont les deux référents de cet énoncé : de qui et de quoi est-il question dans le texte ? Repérez et classez les termes qui vous ont permis de répondre.
3 A quel type de texte pouvez-vous rattachez cet extrait ? Justifiez votre réponse.
Il Morphosyntaxe ( 5 pts)
1 a) Repérez les temps et les modes utilisés dans le texte.
b) A partir de l'observation de leur répartition, précisez quel rôle ils jouent dans l'organisation du texte.
2 Observez la nature, la structure des phrases employées et leur répartition dans le texte.
Quelles sont les structures de phrases les plus fréquemment employées ? Quel est l'effet produit ?
III Sémantique ( 5pts )
1 a) Repérez et classez les mots ou expressions qui renvoient à l’idée de simplicité (banalité) d’une part, et à celle de singularité d'autre part.
b) Quelle (s) information (s) l’association de ces deux champs lexicaux donne-t-elle sur l'état d'esprit du narrateur ?
2 a) Quels termes évoquent par leur sens dénote ou connoté, les sentiments du narrateur à l'égard de Ben Du Toit ?
b) Quels sont ces sentiments ? Justifiez-les
IV Rhétorique ( 5 pts )
1 a) Repérez et analysez les procédés par les quels le narrateur s'efforce de susciter l’intérêt du lecteur pour l'histoire qu'il va lui raconter ?
b) Dans quelle tonalité inscrit-t-il d’emblée l’histoire à venir ? Justifiez votre réponse à raide d’indices précis.
2 Quels sont pour le narrateur et pour l'auteur d'une part et pour le lecteur d'autre part, les enjeux de ces premiers paragraphes du roman.
sujet III
Texte : MELANCHOLIA
Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs, que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu’on voit cheminer seules ?
Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules ?
Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement
Accroupi sous les dents d'une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l’ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un, enfer,
Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer
Jamais on ne s’arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur ! La cendre est sur leur jour.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils semblent dire à Dieu : « petits comme nous sommes,
« Notre père, voyez ce que noyés font les hommes !»
O servitude infâme imposée à l’enfant !
Rachitisme ! Travail dont le souffle étouffant
Défait ce qu'a fait Dieu, qui tue, œuvre insensée,
La beauté sur les fronts, dans les cœurs la pensée,
Et qui ferait c'est là son fruit le plus certain !
D’Apollon un bossu, de Voltaire un crétin !
Travail mauvais qui prend l'âge tendre en sa serre,
Qui produit la richesse en créant la misère
Qui se sert d’un enfant ainsi que d'un outil !
Progrès dont on se demande : Où va-t-il ? Que veut-il ?
Qui brise la jeunesse en fleur l Qui donne, en somme,
Une âme à la machine et la retire à l’homme l
Victor Hugo, Les Contemplations, 1856
Des meules : des broyeuses
D 'airain : de bronze
Rachitisme : maladie liée à la malnutrition et qui entraîne des problèmes de croissance.
Apollon : dieu de la beauté
Voltaire : brillant philosophe et écrivain français du XVIIIe siècle.
Serres : griffes ou ongles d'oiseau de proie.
Questions
I- Communication 5 points
1-a) Par quels indices textuels voit—on la présence du narrateur dans ce texte ? 1pt
b) Quels sentiments ces indices trahissent-ils chez le narrateur ? 1,5pt
2- Étudiez l’utilisation des déterminants dans les trois premiers vers. 2,5 Pts
II- Morphosyntaxe 5 points
1- Repérez le mode et le temps verbal dominants dans œ texte, et justifiez leur emploi 2 pts
2—a) Dans les vers 17 a 28, quel est le type de phrase dominant ? 1 pt
b) Quels sentiments du poète sont ainsi mis en évidence ? 2 pts
III- Sémantique 5 points
1-a) Repérez les termes constitutifs des champs lexicaux du travail et de l’enfance. 1 pt
b) Que révèle leur association sur les intentions de l'auteur 1,5 pt
2- Dites comment vous comprenez les vers 23 et 24 ? 2,5 pts
IV- Rhétorique 5 points
1-a) Repérez et classez les indices qui donnent à ce texte une tonalité à la fois lyrique et pathétique. 1,5 pt
b) Quels sentiments et réactions le poète cherche-t-il à susciter chez le lecteur ? 1 pt
2-a) Repérez les allitérations dans les vers 18 à 21. 1 pt
b) Dites ce qu'elles traduisent par apport au travail des enfants 1,5 pt