Famille de situation : L’intégration nationale
Catégorie d’action : La promotion du développement intégré
Module N°I : Le Cameroun
Chapitre N°III : L’économie moderne
Leçon N°VIII : L’industrie
Notions : Zones industrielles
Prérequis : Les activités du secteur secondaire
Durée : 2 heures
Exemple de situation : Malgré la mis en place de nombreux barrages hydroélectriques, les industries et les populations du Cameroun souffrent toujours du déficit énergétique
Exemple d’action : Développer d’autres sources d’énergie notamment les énergies renouvelables
Formulation de la justification : Cette leçon permet d’installer chez l’apprenant les ressources en vue de contribuer à la résolution de l’offre énergétique de son milieu de vie.
Introduction
L’industrie est l’ensemble des activités économiques qui transforment les matières premières en produits finis ou semis finis. Avec un énorme potentiel énergétique et les ressources minières importantes, l’industrie du Cameroun se positionne comme l’un des véritables leviers de développement économique. En 2008, ce secteur employait 15% de la population active et sa participation au produit intérieur brute (PIB) était de l’ordre de 28%. Le développement de cette dernière repose en grande partie sur l’énergie hydro-électrique pourtant, d’autres sources d’énergies doivent être explorées.
I- Un énorme potentiel énergétique
Le Cameroun possède le troisième potentiel hydro-électrique de l’Afrique subsaharienne après la République Démocratique du Congo, et l’Ethiopie. En effet, le réseau hydrographique du pays est très dense, constituant un véritable atout pour booster l’offre énergétique du pays. Les fleuves qui y coulent sont favorables à l’aménagement des barrages d’usines hydroélectriques. Les centrales hydroélectriques qui s’y trouvent totalisent une puissance de 747 MW (2018).Les plus importantes sont :
• La centrale d’Edéa sur la Sanaga ; elle est la plus ancienne. Mis en service depuis 1960, elle a une capacité de production de 276 MW ;
• La centrale de Song-Loulou sur la Sanaga mis en service depuis 1991. Elle est la centrale la plus importante du pays car elle produit 54% de l’offre énergétique. Sa capacité est de 384 MW ;
• La centrale de Lagdo sur la Bénoué ; elle fonctionne depuis 1986 et possède une capacité de 72 MW.
Pour répondre à une demande accrue en électricité, le Cameroun s’est doté de nouvelles centrales depuis 2016 à l’instar de celle de Memve’ele, Lom-Pangar, Mekin, Nachtigal, Bini A Warak.
En dehors de l’énergie hydroélectrique, le Cameroun possède d’autres atouts capables de booster sa production énergétique en l’occurrence :
• L’énergie solaire : ce potentiel varie de 4Kwh/ m2/jour dans le Sud du pays à 6Kwh/m2/jour dans le Nord. L’on peut donc utiliser les panneaux solaires pour produire de l’électricité à partir du rayonnement solaire : c’est l’effet photovoltaïque ;
• Les centrales à gaz comme celles de Kribi (216 MW) et de Yassa près de la Dibamba ;
• L’énergie éolienne : des vitesses de vents favorables ont été repérées, elles sont supérieures à 2m/s dans les régions de Kaélé et du Lac Tchad et jusqu’à 6,6m/s sur les monts Bamboutos ;
• Le potentiel géothermique a été identifié dans les localités de Meiganga, Tignère, Ekondo-Titi et Nwa.
II Des réserves minières importantes
La prospection minière bien qu’à ses débuts a déjà mis en lumière des réserves importantes et d’une grande diversité. Le sous sol camerounais dispose de nombreuses réserves minières donc les plus importantes sont :
• Le fer à Kribi et dans la boucle du Dja;
• La bauxite dans le gisement de Minim-Martap et Ngaoundal dans l’Adamaoua, de Fongo-Tongo-bangan dans l’Ouest (près de Dschang) ;
• La cassitérite à Mayo- Darlé entre Foumban et Banyo ;
• L’or à Bétaré-Oya ;
• Les diverses ressources déjà exploitées en carrières : calcaire à Figuil dans le Nord, marbre de Bidzar, pouzzolane de Manjo et de Loum, divers sables et argiles ;
• Les eaux thermo-minérales du golfe de Manfé, de l’Adamaoua, du littoral et des hauts plateaux de l’Ouest.
La prospection minière a mis en évidence des indices, de divers autres minerais en pierres précieuses : cuivre, uranium (Poli), nickel chrome, platine, plomb, tungstène, manganèse, diamant (Mobilong), saphir, rutile (Akonolinga et à Bétaré Oya)…
III Un élan d’industrialisation brise par la crise
L’industrie du Cameroun connait de nombreux problèmes. L’on peut à priori relever l’héritage colonial. Le Cameroun a été administré par trois métropoles différentes ; l’Allemagne, la France et la Grande Bretagne. Celles-ci ont organisé une véritable campagne de pillage des ressources naturelles à leur profit. A la faveur du pacte colonial, elles ont développé des industries extractives livrant uniquement à la métropole les produits semi-finis indispensables pour leurs industries. Cette situation n’a pas facilité le décollage industriel du Cameroun.
Hormis ce facteur, nous pouvons relever les conséquences des crises qu’a traversées le pays.
Dans les années 90, la crise économique a fait chuter plusieurs industries. Les manifestations de cette crise ont été :
• Le caractère étroit du marché intérieur ; ceci est dû à la faiblesse du pouvoir d’achat des camerounais et au coût élevé des produits manufacturés.
• La répartition inégale des industries sur le territoire. En effet, les industries restent concentrées pour leur majorité à Douala et à Yaoundé qui sont considérées comme des zones industrielles (espaces attractifs prévus pour un usage industriel), ce qui entraine l’augmentation des coûts des produits dans les localités éloignées.
• L’insuffisance des capitaux qui résulte de la faiblesse de l’épargne intérieure.
• L’action gouvernementale : l’action de l’État est insuffisante ou inopportune. En effet, de nombreuses industries ont fait faillite au Cameroun soit parce qu’elles ont été mal conçues, soit parce qu’elles sont gérées par des personnes incompétentes, égoïstes et cupides. On peut aussi relever l’obstacle des impôts, des taxes et des lourdeurs administratives qui découragent aussi bien les investisseurs nationaux que les promoteurs étrangers.
• La concurrence des produits étrangers : avec la libéralisation progressive des échanges et l’abaissement des barrières douanières, de nombreux articles inondent les marchés du Cameroun à des prix défiants toute concurrence. En effet, à cause des investissements onéreux, les biens produits localement ne sont pas à la portée de la couche moyenne de la société. Ceci contribue donc à décourager les promoteurs des industries locales.
L’autre fait majeur est l’arrivée de la pandémie à Coronavirus. Cette crise sanitaire est venue aggraver la situation déjà précaire. Certaines industries ont été contraintes de réduire leurs effectifs et d’autres ont tout simplement mis la clé sous le paillasson.
IV Les types d’industries
On dénombre plusieurs types d’industries au Cameroun en l’occurrence les industries lourdes, les agro-industries et les petites et moyennes entreprises (PME)-
IV.1 Les industries lourdes
Elles ne sont pas très nombreuses au Cameroun, mais l’on peut citer quelques-unes :
• Les industries extractives ; elles assurent l’extraction des gisements miniers comme le cuivre, la bauxite ou le calcaire et la fabrication des matériaux.
Exemple CIMENCAM, DANGOTE
• Les industries métallurgiques ou sidérurgiques ; elles transforment certaines minerais en fer ou en acier.
Exemple ALLUCAM à Edéa ;
Les industries chimiques ; elles utilisent les produits miniers tels que le pétrole pour la fabrication des produits utiles à d’autres industries à l’instar de la SONARA et de la CCC à Douala.
IV.2 La prédominance des agro-industries et des PME
a) Les agro-industries
Les agro-industries transforment les matières premières agricoles en produits alimentaires. Le Cameroun en compte une pléthore parmi lesquelles on peut citer :
• Les chocolateries (CHOCOCAM)
• Les sucreries (SOSUCAM)
• Les laiteries (CAMLAIT)
• Les brasseries (SABC, GUINNESS Cameroun, UCB)
• Les huileries (SODECOTON)
Les agro-industries sont certes dominantes mais on dénombre aussi d’autres industries telles que les industries textiles et du cuir (CICAM, TANICAM), l’industrie de bois (STB), les industries chimiques (CCC, PLASTICAM).
b) Les petites et moyennes entreprises (PME)
Une petite et moyenne entreprise est une entreprise industrielle qui a au minimum 5 et au maximum 100 employés avec un chiffre d’affaire allant de 15 millions à 3 milliards.
Les PME constituent une source majeure d’emplois, de revenus et de recettes fiscales pour l’Etat. D’après l’INS (2019) on dénombre 209482 unités de PME localisées majoritairement à Douala et Yaoundé. Ce secteur contribue à 36% du PIB et regroupe plus de 60% d’emplois décents.
Conclusion
Le Cameroun regorge d’énormes atouts pour faire décoller son secteur industriel. Malheureusement ce dernier draine de nombreux problèmes qui empêchent une véritable industrialisation du pays. En outre celui-ci s’appuie majoritairement sur l’énergie hydro électrique donc le potentiel est sous exploité. En effet, ce dernier est estimé à 23000 MW mais seulement 3% de celui-ci est exploité. Pourtant cette offre insuffisante de l’énergie hydro électrique peut être comblée par l’exploitation des énergies renouvelables (solaire, biomasse, éolienne, géothermique)