Introduction
Depuis 1830, l’Algérie est une colonie de peuplement intégrée à la France et occupée par une communauté européenne importante appelée « les pieds noirs ». Mais devant la paupérisation des masses algériennes, les nationalistes les plus radicaux vont imposer à la France une décolonisation violente.
I Le système colonial en Algérie entre les deux guerres
I.1 Le statut politique et administratif
Le régime politique et administratif est fondé sur l’inégalité entre la minorité européenne et la majorité arabo-berbère islamisée. L’Algérie est une colonie faisant partie intégrante de la France, régie par les institutions et lois françaises. Elle a à sa tête un gouverneur général relevant du ministère de l’intérieur suivi d’un conseil de gouvernement et d’un conseil supérieur. L’administration reproduit le modèle français. L’Algérie est divisée en trois départements (Alger, Constantine, Oran) eux mêmes divisés en arrondissements et communes. Ainsi à tous les échelons politiques et administratifs, la participation indigène est limitée, sans réel partage du pouvoir.
I.2 L’Inégalité économique et sociale
Tandis que la minorité européenne développe une agriculture moderne, la majorité indigène pratique une agriculture traditionnelle et archaïque donc les productions stagnent ou régressent. Cette paupérisation va entrainer un exode rural massif vers la métropole. La minorité européenne forme une société urbanisée et fournit la quasi-totalité des cadres supérieurs et techniciens. Alors que la société musulmane essentiellement rurale souffre de la dégradation de leurs conditions de vie. Cependant une conscience nationale commence à naître au sein d’une élite réduite de commerçants, de lettrés dans les milieux ouvriers et ceux qui ont participé à la guerre.
I.3 Naissance et affirmation du nationalisme algérien
En Algérie on peut distinguer trois grandes tendances
-« les jeunes algériens ». Ils représentent une petite élite de citadins ayant acquis une culture française. Ils s’opposent au système colonial et revendiquent l’extension des droits des musulmans et leur participation à la vie politique.
-L’association des Ouléma (1931). Elle est créée par Ben Badis formé dans les disciplines religieuses. Les Ouléma vont entreprendre de reformer l’Islam, de défendre la langue arabe et de garantir la personnalité algérienne contre la francisation. Ils refusent toute forme d’assimilation à la France à travers la devise suivante « l’Islam est ma religion, l’arabe est ma langue, l’Algérie est ma patrie »
En 1937 sous la direction de Messali Hadj, le parti du peuple algérien (PPA) revendique l’indépendance de l’Algérie.
II- l’évolution de l’Algérie de 1942-1954
II.1 Les revendications et leur rejet par la France
II.1.1 L’action de Ferhat Abbas
En Février 1943, Ferhat Abbas met au point le Manifeste du Peuple Algérien dans lequel il réclame la constitution d’un État algérien autonome et démocratique mais fédéré à la France. Ce projet adressé au gouverneur d’Algérie Catroux est aussitôt rejeté. Mais dans son discours prononcé en Décembre 1943 à Constantine, le général De Gaule, conscient du malaise algérien annonce des reformes sur le statut de ce pays. Celles-ci sont jugées insuffisantes et Abbas crée en 1944 l’association des amis du Manifeste et de la liberté. Son but est de revendiquer une République algérienne autonome.
II.1.2 La crise de 1945
Devant la montée du nationalisme algérien favorise par le relâchement de l’autorité coloniale et des difficultés économiques, le PPA va étendre son influence au sein de la masse algérienne. Cette action va conduire à l’arrestation de Messali Hadj en Avril 1945 : c’est le début de violents troubles en Algérie. On assiste à des émeutes sanglantes à Sétif et dans les campagnes environnantes. Une centaine de français est massacrée par les algériens qui subissent à leur tour une répression impitoyable, bilan plus de 50.000 morts. Après cette tragédie, les européens vont croire qu’ils sont venus à bout du nationalisme algérien, elle marque au contraire l’entrée en scène des masses populaires algériennes violentes et radicales.
II.2 L’éveil du nationalisme algérien
Le nationalisme algérien se réorganise autours de deux grandes tendances après la 2ème guerre mondiale.
-D’un coté Ferhat Abbas crée l’Union Démocratique du Manifeste Algérien (UDMA) qui revendique une République algérienne autonome. mais son parti a une extension limitée.
-De l’autre coté, Messali Hadj libéré fonde le Mouvement pour la Triomphe des Libertés Démocratiques (MTLD) qui revendique l’indépendance d’une Algérie musulmane et arabe. Il est mieux organisé et possède à l’ombre une organisation secrète para militaire appelée L’Organisation Spéciale (OS). Celle-ci est dirigée par Ahmed Ben Bella et est chargé de préparer une résistance armée. Mais elle est découverte par la police française en 1950 ; démantelée et Messali Hadj assigné à résidence en France. En 1954, les anciens membres de l’OS mettent sur pied l’Armée de Libération Nationale (ALN) et fixent l’insurrection pour le 1er Novembre 1954. Ainsi l’échec de la voie légale, la défaite française de Diên Biên Phu en Indochine et la sensibilisation anticolonialiste aux USA vont encourager les nationalistes algériens dans des actions directe et concrètes.
III La guerre d’Algérie et la marche vers l’indépendance
III.1 De l’insurrection à la chute de la 49eme république française
Comme prévu, 30 attentats simultanés plus ou moins organisés ont lieu en Algérie et on assiste à la création du Front de Libération Nationale (FLN) au Caire qui revendique un Etat algérien souverain et démocratique dans le cadre des principes islamiques. Mais la France qui considère l’Algérie comme partie intégrante de son territoire durci sa position et entend écrasera l’insurrection algérienne. Mais, elle ne réussira pas à réprimer cette révolte car les masses algériennes participent de plus en plus à la guerre. En 1956, Robert Lacoste doté de pouvoirs dictatoriaux remplace Catroux jugé trop libéral. Il renforce ses effectifs et la guerre s’intensifie. Mais grâce à sa combattivité et au soutien des autres pays arabes déjà indépendants (Tunisie, Maroc), le FLN va réussir à étendre davantage son influence. Devant cette résistance inattendue du peuple algérien, la France va entamer des négociations qui vont se solder par un échec. Elle va alors demander au Général Jacques Massu et à ses parachutistes de rétablir l’ordre en Algérie « par tous les moyens ». Alger sera soumis à un régime de terreur (arrestations, exécutions, tortures, déportations, incendient les villages…) qui permettra aux parachutistes de démanteler le réseau du FLN. Ils gagnent ainsi la bataille d’Alger mais pas la guerre d’Algérie. Pour intimider la Tunisie, et l’obliger à cesser son aide au FLN, les français bombardent le village frontalier tunisien de Sidi- Youssef. La Tunisie porte plainte devant l’ONU et le FLN profite de cette internationalisation de la guerre pour réclamer sa souveraineté
III.2 La marche vers l’indépendance
Le 4 Juin 1958, De Gaule se rend à Alger et lance un appel à la réconciliation. Mais le FLN répond par une intensification de la lutte et par la formation d’un gouvernement provisoire de la République algérienne installé à Tunis et présidé par Ferhat Abbas. C’est alors que l’armée française décide de lancer contre l’ALN de grandes opérations destinées à l’écraser. Cette montée de violence est condamnée par l’ONU et par l’opinion française de la métropole. Devant cette pression, De Gaule décide de régler définitivement le problème algérien mais il se heurte à l’opposition des français d’Algérie. En effet ces derniers avaient déjà créé l’Organisation de l’Armée Secrète (OAS) pour se livrer au terrorisme contre les musulmans et les gaullistes d’Algérie et de la métropole. En Avril 1961, un coup d’Etat est organisé par l’OAS mais se solde par un échec marquant la fin d’une « Algérie française ». Les accords d’Evian du 18 Mars 1962 mettent sur pied les bases de l’indépendance de l’Algérie. Enfin le 1er Juillet 1962, le peuple algérien se prononce à 99,7% en faveur de l’indépendance.
Conclusion
La guerre d’Algérie a été l’un des plus longs conflits de toutes les décolonisations. Même si ce pays accède à l’indépendance grâce à la ténacité et à la résistance des masses paysannes, cette tragédie a marqué durablement les esprits algériens et français tant par les drames humains qu’elle a provoqué que par ses conséquences politiques.