Le continent africain c’est la superficie de la Chine, de l’Inde, des USA et une bonne partie de l’Europe réunie. Il représente 6% de la surface du globe et 1/5 des terres émergées. Dans ce territoire immense (plus de 30 millions de Km2) existe une grande diversité de peuples, de cultures, de langues, de religions et de situations socio-économiques. L’Afrique reste le continent le mieux doté en richesses naturelles mais paradoxalement le plus pauvre de la planète bien qu’il y’ait des différences remarquables entre les pays.
I Situation sociopolitique et économique de l’Afrique
I.1 Démographie
L’Afrique est le 2ème continent le plus vaste après l’Asie soit 30,3 millions de Km2aaaaaaaaa si l’on intègre les espaces insulaires. Elle compte 55 pays membres de l’Union Africaine regroupés dans 5 sous régions ;
• L’Afrique du Nord (exemple Algérie, Tunisie) ;
• L’Afrique de l’Est (exemple Éthiopie, Érythrée) ;
• L’Afrique de l’Ouest (exemple Ghana, Sénégal) ;
• L’Afrique centrale (Exemple Cameroun, Tchad) ;
• L’Afrique du Sud (Exemple Namibie, Zimbabwe).
NB : L’Afrique est aussi entourée par la Réunion, Mayotte (territoires français) et Sainte Helene (territoire britannique)
De 100 millions d’habitants en 1900, la population de l’Afrique est passée à 275 millions en 1960, à 640 millions en 1990 et en 2022 à 1 milliard 400 millions, soit 18% de la population mondiale. Selon les estimations de l’ONU, celle-ci atteindra 3 milliards à la fin du siècle. Cette population est dans l’ensemble inégalement repartie dans les 55 États avec une densité moyenne de population inférieure à la moyenne mondiale soit 35 hab/Km2. Les densités les plus fortes se trouvent dans les zones les plus peuplées qui sont :
• La côte du Maghreb qui va d’Agadir à Tunis;
• De la vallée du Nil jusqu’ à Assouan;
• L’Afrique de l’Ouest avec une ligne qui relie Dakar, Bamako, Ouagadougou et Abuja;
• La côte de l’Afrique Australe entre le Cap et Maputo.
Ces zones ont de fortes (densités de 300 hab/km2) tandis que les zones forestières et surtout les Iles sont moins peuplées. L’Afrique reste un continent jeune avec 40 à 50% de sa population âgée de moins de 15 ans.
C’est le continent où le nombre de chrétiens augmente plus vite. Même si le christianisme reste minoritaire en Afrique du nord dominée par l’Islam, il est devenu la religion la plus pratiquée en Afrique subsaharienne devant l’Islam et les religions traditionnelles comme le Vaudou.
L’Afrique a une mosaïque d’ethnies et des milliers de langues nationales qui s’ajoutent aux langues officielles telles que l’anglais et le français.
I.2 Les productions économiques
L’Afrique est considérée comme un scandale géologique car elle dispose d’une pléthore de ressources dans son sol, son sous sol et ses étendues d’eau. Elle produit plusieurs matières premières d’origine forestière, agricole et minérale. En effet, ce continent abrite la 2ème plus grande forêt du monde (bassin du Congo) riche en plusieurs essences au potentiel économique avéré (Doussié, Sipo, Acajou, Ebène, Sapelli, IroKo, Bibinga, Azobé…)
L’Afrique possède deux grandes variétés de zones agro écologiques qui vont de vastes forêts ombrophiles marquées par 2 saisons de pluies à la végétation clairsemée sèche arrosée une fois l’an. Mais ce handicap peut être pallié par la vulgarisation de l’agriculture irriguée. En effet le continent est doté de vastes superficies irrigables aussi bien dans les zones tropicales que dans les zones désertiques et d’énormes réserves d’eau pouvant servir à l’irrigation, mais seulement 27% de ce potentiel est exploité.
Elle compte 24% de terre arable qui lui permet de produire des cultures commerciales (cacao, café, tabac, banane, coton, caoutchouc…) et des cultures vivrières (tubercules, légumes, céréales, oléagineux, fruits, les produits maraichers…). On y retrouve aussi plusieurs types d’élevage et de considérables ressources halieutiques.
L’Afrique est le continent le plus pourvu en ressources minérales. Elle dispose de plus de 60 types de minerais différents soit 1/3 des réserves minérales mondiales. A titre d’exemple, l’on peut citer le platine (90%), le coltan utilisé dans la fabrication des composants des téléphones portables (80%), le tantale (70%), le cobalt (60% donc la RDC fournit à elle seule la moitié des besoins mondiaux), le diamant (46%), l’or (40%), le Chrome (28%), le cuivre, la bauxite, le manganèse etc.
Elle regorge aussi de nombreuses sources énergétiques variées ; les énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), les bassins hydrauliques, les gisements d’uranium, le rayonnement solaire (surtout dans les pays sahéliens et désertiques), une capacité géothermique (surtout en Afrique de l’Est).
Le tissu industriel n’est pas très développé mais on y trouve quand même des industries extractives et agroalimentaires.
A tous ces atouts, l’on peut ajouter le tourisme qui se développe de manière dynamique. Les atouts touristiques du continent sont :
o Les monts (Kilimandjaro, Kenya, Cameroun)
o Les chutes (celles de la Tugela qui est la seconde plus haute chute du monde, celles de Victoria);
o Les plages de sable blanc (les Seychelles, l’Ile Maurice) ;
o Les pyramides (celles de Gizeh en Égypte) ;
o Les parcs nationaux (celui de Mana pools en Zambie, Amboseli au Kenya, Seregenti en Tanzanie…) ;
o Les déserts chauds (Kalahari, Namib) ;
o Les places mythiques (Jemaa el-Fnaa au Maroc) ;
o Les grandes mosquées (Kairouan en Tunisie) ;
o Les musées (musée des antiquités égyptiennes, Apartheid Museum, celui de Guellala) ;
o Les diversités culturelles qui se recensent dans l’habitat, les danses et vêtements traditionnels, la sculpture, la peinture, la vannerie, la poterie…
I.3 Le volume des échanges
L’Afrique exporte quasi totalement les matières premières à faible valeur ajoutée constituées pour la plupart de pétrole, de minerais, de charbon, de gaz naturel, d’uranium et des produits agricoles dont les prix sont décidés loin des zones de production. Les pays africains sont donc dépendants de la fluctuation de leurs coûts sur le marché mondial. La part de l’Afrique dans les exportations mondiales était estimée à 2,5% en 2018 (CNUCED). En revanche, elle importe les produits manufacturés onéreux (le carburant et les lubrifiants, les véhicules, les appareils électroniques, l’électroménager, les produits pharmaceutiques) dont les prix sont encore fixés par les pays occidentaux. Elle est également un grand importateur des denrées alimentaires tel que le riz, le blé et les poissons de mer congelés. Conséquence la quasi-totalité des pays africains ont une balance commerciale déficitaire. Les échanges interrégionaux ne représentaient que 4,4% du commerce continental en 2021 et sa part dans le commerce mondial était de 2,5% en 2019 (CNUCED). Ses principaux partenaires commerciaux sont les pays européens et récemment les nations asiatiques telles que la Chine et l’Inde.
II. Les maux qui minent le continent africain
L’Afrique est sans doute le continent le mieux doté en richesses naturelles, mais celles-ci n’ont pas permis l’émergence économique du continent. Certains analystes affirment d’ailleurs que ces dernières sont une malédiction qui gangrène le continent car, elles sont à l’origine de crises et de tensions en raison de la corruption et des différends politiques liées à la soif de contrôler ces ressources. Mais d’autres facteurs s’associent à ceux déjà évoqués pour expliquer le dernier rang du classement mondial occupé par le continent en termes de développement.
II.1 Les méfaits de l’héritage colonial
L’Afrique est un continent qui a subi les affres de la colonisation occidentale dont les responsables ont organisé une véritable campagne de pillage des ressources des colonies à leur profit. Cette spoliation est loin d’être terminée aujourd’hui. En effet, elle est au cœur des batailles de contrôle et d’influence entre les puissances traditionnelles (coloniales) et les pays émergents qui ambitionnent un rapprochement. Parfois des contrats secrets et obscurs dont seuls les chefs d’Etat ont le secret sont signés pour avoir le monopole d’exploiter une ressource quelconque. En outre, à la faveur du pacte colonial, les colons ont développé des industries extractives livrant à la métropole des produits semi finis indispensables pour leurs industries, en évitant de créer des industries qui produisent des biens directement consommables par les populations locales. C’est pourquoi les pays africains n’ont pu mettre sur pied que des industries embryonnaires.
II.2 Les défis sécuritaires et une situation politique instable
Cinq grandes zones géographiques du continent sont victimes des insurrections meurtrières (attentats suicides, assassinats), des enlèvements et des pillages orchestrées par des groupes armées. Il s’agit de l’Afrique du Nord, du Sahel, du bassin du lac Tchad, de la région des grands lacs et de l’Afrique de l’Est. Ces exactions sont commises au nom de l’idéologie religieuse ou politique ou alors pour des revendications communautaires. Parmi les principaux groupes armés on peut citer :
o Boko Haram (qui signifie l’éducation occidentale est un péché en Haoussa) qui sévit par exemple au Nigeria, Niger, Cameroun, Tchad ;
o Daesh (État islamique) en Afrique de l’Ouest ;
o Al Qaida qui est par exemple au Mali et en Mauritanie ;
o Aqmi (Al Qaida au Maghreb) ;
o Al-Shabab en Somalie.
Dans ce volet d’insécurité, l’on peut aussi relever des rivalités tribales poursuivies par des milices armées (Libye), des revendications corporatistes comme en RDC ou des guerres civiles à l’instar de la RCA où les milices Seleka constituées de musulmans s’opposent aux chrétiens et animistes Anti-Balaka.
Au cours de la dernière décennie, L’Afrique a été le continent à compter le plus grand nombre de coups d’Etat dans le monde. A titre illustratif, sur les 13 coups d’Etat enregistrés en 2017, tous sauf 1 (Birmanie) ont eu lieu en Afrique. En outre, en 2021, le continent a vu un nombre plus élevé de Putschs par rapport aux années précédentes. Ces tentatives illégales de renverser les dirigeants en place se soldent parfois par un bain de sang et déstabilisent non seulement le pays concerné mais aussi la sous-région toute entière. Parmi les pays ayant été victimes de ces putschs on peut citer le Burkina Faso, le Mali, le Tchad, la Guinée, le Soudan.
II.3 La mal gouvernance
L’une des raisons fondamentales du sous-développement de l’Afrique est la mauvaise gouvernance menée par les dirigeants, l’inertie des gouvernements gangrenés par la corruption. En effet, ce fléau est le principal obstacle au développement économique et social car, elle favorise la mauvaise redistribution et affaiblit gravement les valeurs fondamentales d’une société. La mauvaise gouvernance se manifeste par les détournements des deniers publics et l’accaparement des ressources par des groupes politico-ethniques. Celle-ci « fragilise les institutions notamment la justice et entrave l’égalité des Chances » (propos tenus lors de la Conférence Économique Africaine en 2017). Elle nuit à la croissance économique et entraine un gaspillage des compétences et des ressources précieuses qui, utilisées à bon escient contribueraient sans doute à sortir le continent de son marasme actuel. La mauvaise gouvernance est d’ailleurs la cause ou constitue les symptômes des coups d’État.
III. Les problèmes économiques de l’Afrique
III.1 Un secteur agricole et halieutique peu productif
Face à l’insuffisance des potentialités industrielles, beaucoup d’États africains ont misé leur développement sur l’agriculture (environ 60% des africains s’adonnent aux activités agricoles) pourtant, l’Afrique est le seul continent à avoir enregistré une baisse de la production agricole par habitant au cours de ces dernières années. Ceci à conduit à la sous alimentation, à la malnutrition bref à la famine qui touche des millions d’africains. L’élevage trop extensif ne permet pas de disposer d’une production suffisante en viande et en lait. La pêche profite dans ses aspects les plus rentables aux étrangers qui ont tendance à piller ses ressources.
III.2 Une industrialisation faible
Malgré son potentiel minier et énergétique, l’industrialisation de l’Afrique demeure faible à cause de l’insuffisance des capitaux et de la non maitrise des technologies.
III.3 Un endettement chronique
Les pays africains sont dans le cercle vicieux et infernal de la dette. D’où l appellation pays pauvres très endettés (PPTE). Ainsi le service de la dette emploi l’essentiel des maigres recettes d’exportations ou alors certains pays sont obligés de payer leur dette sous forme de baril de pétrole ou de minerais stratégiques. Cette situation hypothèque davantage le développement et maintient les pays africains dans une dépendance accrue vis-à-vis de leurs créanciers (Banque Mondiale, FMI)
III.4 Les problèmes sociodémographiques
L’Afrique a connu une croissance démographique sans précédent à partir du milieu du XXème siècle. C’est un continent dont la jeunesse est devenue un fardeau pour les Etats au moment où le secteur moderne de l’économie crée de moins en moins d’emplois et rejette de plus en plus les citadins dans l’informel. Elle entraine ainsi une demande sociale insuffisamment satisfaisante se traduisant par une accentuation de la pauvreté. En effet selon la Banque Mondiale, 40% de la population africaine vit avec moins d’un dollar par jour d’où le terme de Quart monde. L’exploitation des ressources naturelles a très peu une incidence sur le vécu quotidien des populations, cependant une petite poignée de personnes proche du pouvoir profite largement de cette manne. La pauvreté demeure donc le problème le plus puissant des pays du Tiers monde.
Selon l’OPHI (Oxford Poverty and Human Development Initiative), 9 citoyens sur 10 étaient pauvres au Niger en 2018.
Il est donc urgent de trouver des solutions à ce malaise social afin que l’Afrique profite largement de son potentiel humain. En effet, les nombreuses injustices subies par la population est souvent à l’origine d’une forte émigration qui se traduit généralement par la fuite des cerveaux privant ainsi le continent d’un capital humain indispensable à son développement.
A cette longue liste des maux sociaux, l’on peut ajouter, les problèmes d’infrastructures de transport, sanitaires, et éducatives, l’acculturation de nos peuples qui conduit à l’adoption du mode de vie occidental.
IV. Essais de solutions
Vue les enjeux à venir qui sont tirés par la révolution technologique, le rôle de l’Afrique dans l’approvisionnement des matières premières est loin de s’estomper. Au contraire son importance va s’accroitre. Il est donc essentiel de repenser les alliances intra-africaines afin de pouvoir peser sur les débats géostratégiques. En effet, l’Afrique ne se fera une place dans le monde que si elle parvient à mettre sur pied un bloc uni dans la mesure où, c’est l’union qui fait la force. Ce front commun leur permettra de parler d’une seule voix sur la scène internationale lors des discussions sur des points stratégiques comme la vente des matières premières dont les prix sont décidés loin des pays producteurs. Un point d’honneur doit être mis sur la promotion des filières industrielles qui ajoutent de la valeur aux matières premières afin de rompre avec l’exportation des produits bruts.
De même, l’Afrique a besoin de développer son marché interne car jusqu’aujourd’hui, les pays africains ont une économie coloniale c'est-à-dire presque totalement dépendante de l’Europe. C’est pourquoi elle ne parvient pas à assurer son auto suffisance alimentaire puisque l’essentiel des biens de consommation courante vient d’ailleurs. L’accent doit être mis sur le développement des produits consommés par les populations africaines afin d’intensifier les échanges interrégionaux.
En outre des efforts doivent être faits pour assurer une répartition équitable des fruits de la croissance afin de se débarrasser du fléau de la pauvreté. Il n’est plus acceptable que les pays brassant des milliards de dollars aient autant de populations pauvres. Cette redistribution est non seulement importante pour des raisons d’équité mais aussi pour des enjeux politiques et sécuritaires. Il est donc impératif d’opter pour la bonne gouvernance qui passe par la transparence, un accès facile à l’information, le respect des droits des citoyens, la responsabilité et le patriotisme. Se doter des moyens efficaces pour la lutte contre la corruption, le favoritisme, le clanisme et le tribalisme.
En bref l’Afrique doit fonder ses perspectives sur une meilleure utilisation des ses ressources naturelles, la mise en valeur de son capital humain, le développement des infrastructures, la mise en place des institutions fortes et le développement du secteur privé.
Conclusion
Les pays pauvres d’Afrique et du Golfe ont des dénominateurs communs. Ils baignent dans une instabilité permanente, les richesses sont inégalement reparties, les conflits sont quasiment permanents, la mauvaise gouvernance dans laquelle la corruption a fait son lit est la chose la mieux partagée. Tout ceci a pour corollaire la pauvreté qui meuble le quotidien des populations. Avec leurs énormes potentialités, ces régions auraient pu compter parmi les plus prospères de la planète, mais hélas. Néanmoins, le sous développement n’est pas une fatalité comme le prouve le dynamisme de certains États comme le Rwanda qui a aujourd’hui une économie en pleine croissance. En effet, le leitmotiv de ces régions doit être l’accélération de la croissance afin d’éradiquer la pauvreté qui est répandue et extrême dans certains pays.
Lexique
- Tiers monde
- Notion créée par le démographe français Alfred Sauvy, le tiers monde désigne l’ensemble de pays appartenant à plusieurs continents et à plusieurs ères culturelles mais qui portent tous la marque du sous développement. Ces pays pauvres essentiellement situés dans la zone intertropicale ont en partage le souvenir de la colonisation.
- Quart monde
- Cette expression inventée par l’abbé Wrezinsky désigne les pays les plus démunis du Tiers monde. Elle se rapproche de la notion PMA (Pays Moins Avancés) définie par l’ONU.
- PPTE
- (Pays Pauvres Très Endettés) ce terme tire ses origines d’une initiative qui vise à assister les pays les plus pauvres du monde en rendant leurs dettes internationales soutenables.
- Pays à revenu intermédiaire
- Cette expression renvoie à la typologie de classement des pays par la Banque Mondiale en fonction de leur revenu national brut par habitant (pays à faible revenu pays, à revenu moyen, pays à revenu élevé). Ici le revenu annuel par tête est compris entre 4046 et 12535 dollars en 2020. Parmi ces pays, on peut citer le Soudan, Djibouti, la Zambie, la Mauritanie, le Lesotho…