INTRODUCTION
Après avoir bloqué l’évolution politique des populations des colonies pendant prés d’un siècle et exploités les richesses sans s’investir pour l’avenir, la Belgique, le Portugal et l’Espagne vont accorder dans la précipitation et dans la confusion une indépendance qui sera vécu douloureusement pendant les premières années.
I- LA DÉCOLONISATION DU CONGO BELGE
Rappel. Après la 2ème Conférence de Berlin (1884-1885), le Congo est devenu la propriété privée du roi Léopold II. La décolonisation ici est marquée par la violence et la précipitation qui vont entrainer le désordre dans ce pays après l’indépendance.
A-LE SYSTÈME COLONIAL BELGE
Dès leur installation dans ce territoire, les belges entament une exploitation systématique des ressources naturelles telles que l’uranium, le cuivre, le diamant. Leur système s’appuie sur l’administration directe associé au paternalisme. Ils s’opposent à l’instruction, car l’enseignement se limitait au niveau primaire et se faisait en langue locale. Leur devise était « pas d’élite pas d’ennuis ». Tous ces abus vont entrainer le mécontentement général des populations locales.
B- EVEIL DE LA CONSCIENCE NATIONALE
En dehors de tous ces abus, d’autres événements vont favoriser l’éveil du nationalisme congolais en l’occurrence l’évolution politique des Etats voisins, la loi Cadre de Gaston Defferre, l’indépendance du Ghana et celle de la Guinée Conakry. Tout ceci va stimuler la formation des partis politiques dont les plus influents sont :
- L’ Association du Bas-Congo (Abako) de Joseph Kasavubu
- Le Mouvement National Congolais (MNC) de Patrice Lumumba
- La Confédération Nationale des Associations du Katanga (Katanga) de Moise Tschombé
C- L’INDEPENDANCE DU CONGO
Ce sont les émeutes de Léopoldville en 1959 qui précipitent l’évolution politique du Congo belge. En effet après l’interdiction du meeting d’Abako, les congolais attaquèrent les belges en détruisant tous les symboles de leur domination. Débordé par cette rébellion, le Gouvernent belge organisa une conférence à Bruxelles afin d’étudier la situation. Après les élections de Mai 1960 remportée par le MNC et de longues négociations, on abouti à un gouvernement bicéphale Kasavubu est élu chef de l’État et Lumumba chef du gouvernement. Mais c’est dans un climat politique incertain que le roi Baudoin vint proclamer l’indépendance à Léopoldville le 30 Juin 1960.
D- LE CONGO BELGE APRÈS L’INDÉPENDANCE
Quelques jours avant l’indépendance, le Congo belge est confronté à d’énormes problèmes ; le manque de cadres devant remplacer les belges, l’opposition entre Lumumba et Kasavubu, la guerre civile menée par Tschombé qui souhaite la sécession du Katanga et la division du Congo en trois ensembles politico-régionaux Ces divisions vont entrainer l’assassinat de Lumumba en 1961 par les troupes katangaises. On fit appel aux casques bleus, c’est ainsi que le secrétaire général de l’ONU Dag Hammarskjöld en allant négocier avec Tshombé trouva la mort dans un accident d’avion. En 1963, son successeur U.Thant va apaiser les rivalités entre toutes ces parties. Pour limiter les rivalités entre Kasavubu et Tschombé l’armée va imposer Joseph Mobutu comme président de la République le 24 Novembre 1965.
- Les provinces lumumbistes (partie orientale et le Kivu) et le gouvernement sont reconnus par les pays de l’Est, le Ghana, le Mali et la Guinée Conakry
- Le Katanga n’est reconnu par personne
- Le gouvernement de Léopoldville est reconnu par le bloc occidental et soutenu par l’ONU.
II- LES COLONIES ESPAGNOLES : LE CAS DE LA GUINÉE ESPAGNOLE
A- LA POLITIQUE COLONIALE DE L’ESPAGNE
L’Espagne utilise le système d’administration direct caractérisé par l’absence de liberté et de justice. Les autochtones sont écartés de la gestion de leurs affaires par les colonisateurs. C’est un pays riche en bois (l’okoumé) et où la culture du cacao est florissante. L’Espagne va instaurer dans ce territoire une politique d’assimilation rejetant toute idée d’indépendance.
B- LA MARCHE VERS L’INDÉPENDANCE
Au début des années 60, pendant que la France libère ses colonies, l’Espagne consolide plutôt sa présence en Guinée en renforçant sa politique assimilationniste. C’est dans cette optique que deux représentants équato-guinéens sont admis au parlement espagnol appelé Cortes. Mais la misère dans laquelle vivait la population va éveiller la conscience nationale et on va aboutir à la création des partis politiques tels que le Mouvement pour l’Unité Nationale de la Guinée équatoriale et le Mouvement de Libération de la G.E. leurs revendications vont permettre au pays d’obtenir l’autonomie interne en 1963 et l’indépendance en Octobre 1968 avec Francisco Macias Nguema comme Pr. Mais cette souveraineté ne concernait que l’élite hispano-guinéenne car les volontés de la population indigène n’étaient pas prises en considération.
C- LA SITUATION APRÈS L’INDÉPENDANCE
Dès son arrivée au pouvoir, le nouveau Pr installe un régime de terreur ; il assassine les opposants et même son ministre des affaires étrangères Boniface Ondo Edu. Il crée en 1970 le Parti Unique National qui devint plus tard le Parti Unique National des Travailleurs. En 1972, il s’auto proclame Pr à vie. A partir de cette date la Guinée équatoriale se coupa du reste du monde. Ses atrocités furent à l’origine du départ massif des équato-guinéens et des espagnols vers d’autres pays comme le Cameroun et le Gabon. Mais en 1979, il trouva la mort à la suite d’un coup d’État organisé par son neveu Théodoro Obiang Nguéma Mbazogo.
III- LES COLONIES PORTUGAISES : LE CAS DE L’ANGOLA
Les colonies portugaises en Afrique sont la Guinée Bissau, les iles du cap vert et celle de Sao tomé et principe, le Mozambique et l’Angola. L’Angola est la plus vaste colonie portugaise peu peuplée et riche sur le plan agricole et minier.
A- LA POLITIQUE COLONIALE DU PORTUGAL
Puissance coloniale pauvre et sous un régime dictatorial, le Portugal évite une quelconque émancipation de ses colonies africaines. Dès 1951, celles-ci deviennent des provinces outre mer dans lesquelles la minorité blanche, concentrée dans les villes dominent la majorité noire.
B- LA NAISSANCE DES PARTIS POLITIQUES
La lutte d’indépendance est marquée par la présence de trois principaux partis politiques.
- L’union des peuples du nord de l’Angola (UPNA) crée en 1954. En 1962 il devient le front national de libération de l’Angola (FNLA) dirigé par Holden Roberto et soutenu par les USA, l’Afrique du sud et le Zaïre.
- Le mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA) crée en 1956 par Mariodo Andrade mais dirigé par Agostinho Neto et soutenu par l’URSS
- L’union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (UNITA) crée par certains dissidents du FNLA. Il est dirigé par Jonas Savimbi et bénéficie du soutien de la majorité angolaise mais ne parvient pas à trouver un appui extérieur comparable à celui de ses rivaux. Mais la division de ces trois mouvements de libération va rendre la lutte armée contre le Portugal difficile et entraver la marche vers l’indépendance.
C-LA LUTTE POUR LE LEADERSHIP ET L’INDÉPENDANCE DE L’ANGOLA
La recherche du leadership politique va aboutir à un affrontement entre les trois partis politiques rivaux. En Octobre 1975 le FLNA et l’UNITA s’associent pour combattre le MPLA. La guerre devient alors un affrontement Est- Ouest ; les sud africains et les zaïrois alliés des soviétiques luttent aux cotés du MPLA. C’est ainsi que malgré le contexte de la guerre froide et la guerre civile, l’indépendance de l Angola est proclamée solennellement le 10 Novembre 1975 par Silva Cardoso. Il permet à un nouvel État de naitre mais sans remettre véritablement le pouvoir à une Assemblée de représentants du peuple ou à un gouvernement légitime. Ce jeune État entre donc dans l’indépendance en pleine guerre civile.
D- LA SITUATION APRÈS L’INDÉPENDANCE
Une fois le colonisateur parti, les mouvements nationalistes vont proclamer chacun de leur coté leur propre République. A Luanda, le MPLA proclame la République populaire de l’Angola tandis qu’à Ambriez, le FLNA et l’UNITA proclament la République populaire et démocratique de l’angola. La lutte se poursuit et s’achève en Février 1976 par la victoire du MPLA après que les USA aient retiré leur appui au FLNA et à l’UNITA alors que l’URSS et Cuba maintenaient leur soutien au MPLA. Le 10 Février 1976 le MPLA est admis comme membre de l’ONU et reconnu par les pays de la CEE et le Portugal. Agostinho Neto est le premier Pr mais il est remplacé après son décès par Edouardo Dos Santos.
CONCLUSION
La Belgique le Portugal et l’Espagne ont adopté des systèmes d’administration différents. Mais l’exploitation abusive des ressources nationales et l’oppression des peuples vont conduire à l’éveil du nationalisme puis à l’indépendance.