Samba Jonas, avec qui je louais un logement au plateau des Quinze-Ans, me disait que nos bourses étaient trop maigres pour nous acheter des livres. Pourtant à l'époque nous gagnions deux fois le salaire d'un ouvrier de l'usine textile. Et pour moi qui, au séminaire, avais été habitué à n'avoir aucun argent de poche. c'était une véritable fortune qui me laissait d'ailleurs un sentiment de malaise. Si je faisais remarquer à Samba que les revues sportives qu'il achetait et dont sa chambre était pleine, les matchs auxquels il était toujours présent, son équipement de sport, lui revenaient plus cher que tous les livres que j'achetais, il haussait les épaules. Et tous mes condisciples était ainsi. Et les études n'étaient qu'un moyen d'acquérir un brevet garantissant un statut social. [...]
J'avais donc, pour ma part, trouvé un rythme de travail tel que les journées me paraissaient comtes.
Dès qu'un cours était terminé, je courais à la bibliothèque ou en tout autre lieu où j'étais sûr que personne ne viendrait me troubler.
Il y avait un mois que les cours avaient repris quand Samba m'annonce qu'il allait organiser le samedi une surprise-partie avec ses camarades du campus. Cela ne nous coûterait rien. Les autres étaient chargés d'amener les boissons et les cavalières, nous, nous fournirions le local et les disques.
J’effrayai d'abord mon ami par la brutalité de ma réponse négative. L'instant d'après, je me reprenais
et me disais que la meilleure détente n'est pas la danse. Qu'un bon livre est, en la matière supérieur et que l'Afrique à force de rire et de chanter s'était laissé surprendre par les peuples plus austères, qu'elle en avait été déportée et asservie. Je songeais aussi que chaque soir que nous dansions à Poto-Poto, des savants, des stratèges, des militaires étudiaient et s'entrainaient au sud de notre continent pour mieux nous asservir. Que ferions-nous le jour où ils se présenteraient à nos frontières ? Les désarmerons-nous par le charme de nos voix et de nos mélodies ?

Henri Lopez, Tribaliques, Ed. CLÉ.

I. Communication / 5 pts.

l. a. À partir d'indices précis, dites qui parle dans le 2eme paragraphe. 1,5 pt.
b. Déduisez le type de focalisation dominant dans cet extrait. 1 pt.
2. a. Soit renoncé suivant : « J'avais donc, [.. .] trouvé un rythme de travail tel que les journées me paraissaient courtes ». Dégagez-en le présupposé et le sous-entendu. (1x2=) 2 pts
b. Quel est l'effet produit par cet emploi ? 0, 5 pt.

II Morphosyntaxe / 5 pts

1. Soit l'extrait: « Les autres étaient chargés d'amener les boissons et les cavalières, nous, nous fournirions le local et les disques. »
a. Relevez les propositions contenues dans cet extrait et donnez leur nature. 1,5 pt.
b. Quel est l'effet produit par leur emploi ? 1 pt.
2.9.. Relevez les phrases interrogatives dans le dernier paragraphe du texte. 1,5 pt.
b. Donnez leur valeur d'emploi. 1 pt.

III Sémantique /5 pts.

1a. Construisez les champs lexicaux de l'étude et du loisir. 2 pts
b. Dégagez-en l'effet de sens produit sur l'attitude des personnages. 0,5 pt.
2. a. À quel sens (dénoté ou connoté) est employé mot" maigres" dans le texte ? 1,5 pt.
b. Quel effet de sens émane-t-il de cet emploi ? 1 pt.

IV. Stylistique / rhétorique / 5 pts

La. Identifiez une figure de style contenue dans le passage suivant : « L'Afrique à force de rire et de chanter s'était laissé surprendre par les peuples plus » 1,5 pt.
b. Quel est l'effet produit par l'emploi de la figure identifiée sur l'intention de l'émetteur 1 pt.
2.a. A l'aide de deux indices pertinents, dégagez la tonalité dominante dans les deux dernières phrases du dernier paragraphe du texte. 1,5 pt
b. En quoi cette tonalité est-elle conforme à l'intention de l'auteur ? 1 pt.