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Probatoire
Littérature
A
2021
Correction
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Situation du texte : Le texte est tiré de la scène 2 de l’Acte II du drame intitulé La marmite de Koka-Mbala, de l’écrivain congolais Guy Menga, publié en 1966. Le Roi prenant le contre-pied du conseil des anciens, a refusé de condamner à mort Bitala, un jeune homme qui avait été accusé d’avoir levé les yeux sur l’épouse de Bobolo, un conseiller du roi particulièrement vindicatif. Ce texte présente les tergiversations du Roi quant à la conduite à tenir suite aux révélations faisant état d’une possible rébellion dans le royaume.

Idée générale : Les hésitations du Roi dans la prise des décisions concernant le village de Koka-Mbala.

Plan possible : Deux centres d’intérêt possibles : Le poids de la superstition et la nécessité d’une prise de décision rationnelle.

1er centre d’intérêt : Le poids de la superstition.

1. L’attachement du Roi à la tradition.

Le Roi croit fermement à l’influence des esprits : Le Roi Bintsamou est convaincu d’être la cible d’un châtiment voulu par les esprits. En effet, pour avoir écouté son cœur et épargné Bitala contre l’avis de ses conseillers, le Roi est inquiet, surtout après les menaces proférées par son 1er conseiller et féticheur Bobolo. Celui-ci, dépité par la clémence du Roi et l’acquittement de Bitala qu’il considère comme son rival, n’a cessé d’alerter le roi, le menaçant des pires représailles. Bintsamou a tenu tête à son conseil et à son féticheur, mais, très au fait des us et coutumes du royaume, il se sait exposé à la vindicte des esprits. Aussi, les nouvelles relatives à la mobilisation des jeunes par Bitala qui lui parviennent lui semblent présager un avenir sombre pour son royaume. Cette conviction est rendue dans le texte par l’emploi de phrases déclaratives brèves qui martèlent sa certitude et sonnent comme autant de sentences : « La situation est grave », « J’ai été puni, Lemba », « Les esprits de la marmite m’ont fait sentir d’une manière brutale leur présence et leur puissance ». L’emploi de ces phrases déclaratives associées au champ lexical du châtiment avec les mots comme « puni », révèle l’angoisse du Roi qui croit fermement à l’influence des esprits sur sa vie, sur son pouvoir et sur l’avenir de son royaume.

2. L’impact de la superstition sur l’attitude du Roi :

Le Roi est rongé par la culpabilité, convaincu d’avoir transgressé un interdit en épargnant le jeune homme. Le poids de la faute qu’il pense avoir commise le hante à un point tel que cette pensée tourne à l’obsession. C’est ce qui justifie l’emploi du champ lexical de la tradition très fourni dans le texte avec les mots et expressions comme : « les esprits », « les esprits de la marmite », « leur présence et leur puissance », « seuls les esprits sont capables d’une telle chose », « je leur ai désobéi ». En fait, le groupe nominal « les esprits » revient six fois dans le texte et il est repris cinq fois par des équivalents dont deux pronoms personnels « ils », « leur », et deux fois par des adjectifs possessifs « leur », « leurs » et les groupe nominal « enseignements et lois des ancêtres », « mânes ». La récurrence du terme « esprits » et de ses substituts montre que le Roi est tourmenté par la pensée de l’action maléfique que ces esprits pourraient exercer sur lui, sur son pouvoir ou sur son royaume.

Transition : Attaché à la tradition et paralysé par la peur de la punition que pourraient lui infliger les esprits, le Roi Bintsamou est-il en mesure de prendre avec lucidité les mesures qui pourraient sauver son royaume d’une éventuelle rébellion et lui-même de la félonie de ses conseillers ?

2ème centre d’intérêt : La nécessité d’une prise de décision rationnelle.

• La menace d’une insurrection.
Le Roi est informé d’une menace de révolte dans son royaume. En effet, le jeune Bitala, qu’il avait banni de son royaume avec interdiction formelle d’y remettre les pieds, est revenu. Il rassemble régulièrement les jeunes qu’il endoctrine chaque soir. Bobolo, le 1er conseiller du Roi est au courant de ces manœuvres et s’est gardé d’en avertir le monarque. Les services de renseignements ne lui ont rien dit non plus. Le premier conseiller prétend qu’ils sont découragés. Comme le résume le Roi, « La situation est grave, très grave ». La répétition de l’adjectif « grave », renforcé par l’adverbe d’intensité « très » met en exergue le sérieux, voire le caractère dramatique de la situation. En effet, un réel danger pèse sur le royaume. Le Roi le souligne : « Peux-tu me dire pourquoi il m’a caché cette importante nouvelle qui menace directement mon trône ? » Cette question rhétorique posée à sa femme montre que le roi est parfaitement au courant des dangers qu’encourt son royaume. Plus loin, le conseiller Bobolo a parlé d’une rébellion en préparation. Face à de tels événements, qui portent gravement atteinte à la sécurité du royaume, le Roi se doit de prendre des mesures énergiques. Mais, paralysé par la croyance puérile à l’action maléfique des esprits et des mânes auxquels il aurait désobéi, Bintsamou pourra-t-il prendre les décisions qui s’imposent ?
• La nécessité d’une prise de décision rationnelle du Roi en vue de sauver le royaume.
Face aux menaces réelles qui pèsent sur son royaume, Bintsamou devrait prendre des mesures propres à préserver l’intégrité et la sécurité de son territoire. Mais au lieu d’agir, le Roi épilogue sur les actions et la puissance des esprits. Les discours oiseux que le Roi tient sur les esprits transparaissent à travers la récurrence des phrases y relatives : « les esprits ont voulu », « les esprits de la marmite m’ont fait sentir d’une manière brutale leur présence et leur puissance », « seuls les esprits sont capables d’une telle chose », « je leur ai désobéi », « ils m’ont prouvé », « les esprits peuvent », « les esprits sont prêts… » Ces nombreuses évocations des esprits montrent qu’au lieu de chercher activement des solutions pouvant l’aider à enrayer les menaces qui pèsent sur son trône, le roi, s’il espère une issue favorable, pense qu’elle pourrait venir des esprits. Il adopte de ce fait une attitude attentiste, passive, qui ne saurait garantir la protection de son royaume et de ses sujets.

Synthèse : Après la révélation d’une rébellion en préparation, le Roi Bintsamou devrait prendre des mesures pour protéger son trône et ses sujets. Mais, au lieu de prendre des mesures énergiques pouvant assurer la sécurité de son royaume, il reste paralysé par la peur des esprits et de leur puissance maléfique. Le texte revêt de ce fait une tonalité satirique, car il fustige la couardise de ce roi hésitant.

Intérêts du texte :
Intérêt stylistique : La richesse des procédés d’écriture.
Intérêt psychologique : La grande apathie d’un Roi qui croit à l’action des esprits et n’entreprend aucune action propre à sauver son royaume.
Intérêt dramatique : Les intrigues qui entourent la gestion des affaires d’un royaume.
Intérêt sociologique : La peinture sans fioriture d’une société où règnent des complots liés aux intérêts des uns et des autres.

Présidente de la commission : Mme NGAH Solange Colette, IPN.
Membres : M. KENGNE Raphaël, IPN.
M. NTI Jean Étienne, IPR.
M. TANKHU YAMO Alphonse, AP.
Mme MANI Ernestine Tatiana, Enseignante.
Mme MBANG BELINGA Régine Marquise, Enseignante.
Mme ONANA née MENGUE Élisabeth, Enseignante.