Famille de situation : Violation des droits
Catégorie d’action : Éducation aux droits de l’homme, protection, promotion et revendication des droits
Module N°II: L’Afrique et l’Asie victimes d’agressions extérieures
Chapitre N°II : L’impérialisme en Afrique
Leçon N°7 : Les réactions africaines face aux agressions européennes : résistances et collaborations
Notions : Nationalisme, résistance, tactique de la terre brûlée
Prérequis : La conquête des territoires en Afrique
Durée : 2 heures
Exemple de situation : L’invasion de votre établissement scolaire par des malfrats
Exemple d’action : Développer des mécanismes pour se défendre
Formulation de la justification : Cette leçon permet à l’apprenant d’installer les ressources afin de défendre son milieu de vie contre toute invasion extérieure
Introduction
Les résistances sont la réponse face à l’invasion, l’occupation et l’aliénation par des puissances étrangères. Malgré la suprématie européenne, les africains ne resteront pas les bras croisés, mais tenterons de défendre leur intégrité, leurs droits, leur continent et toutes les richesses qu’il comporte. L’ampleur et les formes de résistances vont varier d’une région à une autre en fonction des structures politiques en place et des caractéristiques des populations.
I- Les résistances en Afrique du nord, occidentale et centrale
1- En Afrique septentrionale : Les résistances d’Abdel Kader et du colonel Arabie Pacha
a-Abdel- Kader en Algérie
Après la capitulation du Dey Hussein le 05 Juillet 1830, Abdel Kader va tenter de constituer un royaume en lançant un appel à une guerre sainte (Jihad) afin de chasser les envahisseurs français. Il dispose d’une armée bien équipée et bien encadrée par les officiers anglais, ce qui va lui permettre de résister contre les occupants pendant 17ans (1830-1847). Mais après la défaite de ses alliés marocains en 1844, il est traqué et acculé par les français. Il abandonne la lutte en 1847 pour se réfugier en Syrie.
b-Arabi Pacha en Égypte
La domination étrangère croissante dans ce pays fini par engendrer un mécontentement et la xénophobie dans certains milieux notamment celui de l’armée où son budget est considérablement réduit. L’un des mécontents, le colonel Arabi Pacha organise une insurrection à Alexandrie au cours de laquelle de nombreux anglais sont massacrés. Mais ce soulèvement est maitrisé après 9 ans (1882-1901) par l’armée britannique. Arabi Pacha est arrêté et déporté à Ceylan (actuel Sri Lanka). C’est le début de la véritable occupation de ce territoire par les anglais.
2-Les résistances en Afrique occidentale : les royaumes traditionnels et les peuples islamisés
a- Les Résistances des royaumes traditionnels
• Béhanzin dans le royaume Dahomey
Après la mort de son père le roi Glé-Glé, dans le royaume du Dahomey (actuel Benin), Béhanzin de son vrai nom Kondo décide de s’opposer aux français grâce à son régiment d’élite composé de jeunes filles guerrières appelées « Amazones ». Malheureusement, après deux ans de combat (1892-1894), il est capturé par le colonel Dodds, déporté en Martinique puis à Alger où il meurt en 1906.
• Prenpeh roi de la Confédération Ashanti
En ce qui concerne la Confédération Ashanti, les anglais s’intéressent à cet empire pour des raisons commerciales. Face aux protestations du roi Prenpeh, le colonel anglais Baden Powell s’empare de la capitale Koumassi en 1896. Devant la puissance de son adversaire, Prenpeh préféra se soumettre et accepté le protectorat britannique. Il est exilé au Seychelles ce qui va Permettre à la Grande Bretagne de s’installer en maitre au Gold-Coast.
b- Les résistances des peuples islamisés
• Lat Dior Diop au Sénégal
Le roi du Sénégal emploi son courage, son intelligence et son art diplomatique pour lutter et sauvegarder son pays contre l’occupation française. C’est la construction du chemin de fer par les français qui déclenche cette hostilité qui l’oppose aux occupants. Il va résister farouchement contre Faidherbe jusqu’en 1886, date de la prise du Sénégal par la France.
• Ahmadou Cheikou du Niger
Cet empereur du Niger va d’abord nouer une relation amicale avec les français dans l’objectif d’obtenir leur aide dans le combat qui l’oppose aux peuls et aux animistes. Mais cette relation va prendre un caractère belliqueux lorsque les français vont s’emparer des villes de Djené, Mopti, Ségou et de la capitale Nioro. Son échec est lié à son refus de s’associer à Samory Touré pour combattre les français. Il s’enfuit en 1893 pour se réfugier à Sokoto chez son beau-père où il meurt en 1898.
• Samory Touré de la haute Guinée
Maitre d’un grand empire situé entre les fleuves Sénégal et Niger Samory Touré dit le Malinké était un lettré musulman, un excellent commerçant et un chef militaire redoutable. Grâce à son armée équipée de fusils, à la pratique de la guérilla ou guerre d’embuscade et surtout à la « tactique de la terre brûlée », il va résister farouchement aux français. Il s’agit d’une technique de guerre qui consiste à faire le vide devant l’ennemi et à détruire tout indice susceptible de l’orienter, c’est à dire tout raser sur son chemin afin de freiner sa progression.
Malheureusement après 16 ans de résistance acharnée, il est capturé par surprise dans son camp de Guélemou en 1898 par le colonel Gouraud. Déporté au Gabon, il meurt en 1900.
Trois raisons expliquent son échec :
• Le manque d’alliance avec Ahmadou
• L’utilisation des armes archaïques
• Surtout la trahison de l’une de ses épouses.
3-Les résistances en Afrique centrale : Le cas de Rabah
L’empire Rabat était situé au sud du lac Tchad et Dikoa était sa capitale. Rabah fut le seul à organiser une résistance farouche contre les français dans cette région. Il forme un Etat esclavagiste au niveau du lac Tchad en soumettant le Bornou, le Baguirmi, le Kanem et installe sa capitale à Dikoa. Sous prétexte de lutter contre l’esclavage, les français lui déclarent la guerre. Au lieu de s’avouer vaincu, il va s’opposer au passage d’une troupe française dirigée par les commandants Foureau et Lamy. Mais il trouve la mort au cours de la bataille livrée en 1900 à Kousséri. Les français sont désormais libres de réaliser la traversée du Sahara sans obstacle.
Toutefois, on note la collaboration de certains chefs locaux de cette région de l’Afrique avec les puissances étrangères. Telle fut par exemple le cas des chefs douala qui signèrent le traité germano douala ainsi que Charles Atangana qui facilita même l’implantation des allemands dans le centre du Cameroun. Néanmoins, l’on peut relever la résistance de Lock Priso sur la côte et celle des lamibés (le lamido de Rey bouba) au Nord du pays.
II-Les résistances en Afrique orientale et méridionale
1-Les résistances en Afrique orientale
a- la résistance de Muhammad Ahmad ou Mahdi dans le haut Nil
Encore appelé le Mahdi, Muhammad Ahmad résista contre l’Égypte soutenu par l’Angleterre au Soudan. En moins de 5ans, il chassa l’administration Égyptienne du Soudan et organisa ses territoires en un Etat théocratique. Malheureusement en 1893 le Mahdi est assassiné et son corps jeté dans le Nil en représailles au meurtre de 2 officiers anglais. Après sa mort, son successeur le khalife Abdallah fut vaincu par lord Kitchener en 1898 et le Soudan tomba entre les mains des anglais.
b- La résistance victorieuse de Ménélik II
Au moment où les grandes puissances s’engagent dans la colonisation, l’Italie manque encore de capitaux. En outre, elle venait à peine de réaliser son unité. Néanmoins, celle-ci s’intéresse à l’Ethiopie où elle signe avec le Négus Ménélik II le traité d’Ucciali en 1889. Mais ce dernier est mal interprété par les 2 camps ; pour les italiens, c’est un traité de protectorat alors que pour les éthiopiens c’est une alliance entre 2 Etats égaux et souverains. Suite à cette contradiction, l’Italie envoi une expédition contre les troupes de Menelik II qui lui infligea une lourde défaite à la bataille d’Adoua le 1er Mars 1896. L’Éthiopie conserva sa souveraineté et son indépendance fut reconnue par l’Italie. Mais, cette puissance va occuper la Somalie et l’Érythrée.
2-Les résistances en Afrique Méridionale
a- La tentative de résistance des Shonas et des ndebele
En 1896, les Shonas et les Ndebele exaspérés par les expropriations et des oppressions dont ils étaient victimes de la part des anglais déclenchèrent une guerre de libération appelée « le chimurenga ». Mais à cause d’une armée mal équipée et mal formée, le roi Lobengula fut vaincu et la nation tomba sous la tutelle britannique.
b -Les révoltes des Herero et des Maji maji
Entre 1904 et 1907, les herero se révoltent dans le sud-ouest africain contre l’administration allemande. Malheureusement, les allemands réprimèrent le pouvoir de manière impitoyable et massacrèrent 80.000 hereros.
Au début du 20ème siècle, les allemands vont obliger les populations du Tanganyika à cultiver le coton moyennant un salaire dérisoire. Mécontents, une insurrection ; la révolte maji maji (1905-1907) va embraser le sud de la colonie. Mais, les allemands vont réussir à mater la rébellion et tuer plus de 100.000 personnes. D’autres résistances vont prendre corps dans cette région en l’occurrence celles du Kalaka roi d’Ouganda, des tributs Kikuyuus du Kenya et de Mohamed Ben Adullah du Somaliland, mais elles sont toutes rapidement écrasées.
c-La résistance des Boers
Les Boers sont les descendants des hollandais et des français installés en Afrique du Sud depuis le XVIIème. Lorsque l’Angleterre occupe le Cap en 1815 les Boers sont obligés de se déplacer vers l’intérieur du pays : c’est le grand Trek (1836-1846). Ce déplacement entraine la création des Etats Boers dans le Transvaal et l’Orange. Ces deux nations ont un sous-sol riche en diamant et en or ce qui provoque la convoitise des anglais. Mais les Boers s’y opposent ce qui est à l’origine du déclenchement des hostilités entre les 2 camps. Au début des affrontements, les Boers dirigés par Paul Krüger et soutenu par les allemands infligent de sérieuses défaites aux anglais. Se sentant humiliés, les anglais vont à partir de 1881 faire appel à leurs meilleurs officiers qui réussiront à écraser la rébellion en 1900. En 1902, un traité de paix est signé ; l’Orange et le Transvaal deviennent des colonies anglaises et en 1910 l’Union Sud-Africaine est créée.
Conclusion
En dehors de la résistance victorieuse de Ménélik II d’Éthiopie, toutes les autres n’ont été que des échecs à cause des raisons internes et externes. Sur le plan interne, on note la division entre les résistants africains, le faible armement des africains, la faible organisation des États, l’absence de tactique de guerre efficace, la trahison et l’affaiblissement des États du fait de la traite négrière et des guerres intestines. Sur le plan externe, c’est surtout la supériorité militaire des troupes coloniales qui a été le facteur déterminant. Désormais à la veille de la 1ère guerre mondiale tout le continent est occupé à l’exception du Liberia et de l’Éthiopie.