Famille de situation : Violation des droits
Catégorie d’action : Éducation aux droits de l’homme, protection, promotion et revendication des droits
Module N°II: L’Afrique et l’Asie victimes d’agressions extérieures
Chapitre N°II : L’impérialisme en Afrique
Leçon N°8: L’Exploitation économique des colonies
Notions : Code de l’indigénat, expropriation, portage
Prérequis : La colonisation, les méthodes coloniales
Durée : 2 heures
Exemple de situation : L’exploitation du sous-sol de votre village par les étrangers
Exemple d’action : Développer des mécanismes pour défendre vos ressources naturelles
Formulation de la justification : Cette leçon permet à l’apprenant d’installer les ressources afin de protéger le potentiel naturel et humain de son pays.
Introduction
Une fois passée sous la domination presque totale de l’Europe, l’Afrique va subir une exploitation tout azimut de la part de ses nouveaux maîtres. Pour y parvenir, ils mettent en place des systèmes coloniaux (mode d’organisation, d’administration et de gestion des colonies). Ces derniers auront pour objectif d’implémenter plusieurs méthodes afin de tirer profit des colonies et de soutenir économiquement le vieux continent.
I- Les méthodes inhumaines
Plusieurs méthodes inhumaines, parfois codifiées par des textes de lois furent mise en place dans les différentes colonies. C’est le cas du code de l’indigénat, symbole de la différence de traitement entre les colons et les populations locales. Cet outil majeur de la domination coloniale, désignait un ensemble de lois qui maintenait les populations colonisées dans un statut juridique inférieur à celui des colons. Il s’appuyait sur certaines infractions telles que :
• Le refus de renseigner les agents de l’autorité ;
• Le défaut de permis de voyage pour se déplacer ;
• L’acte de désordre dans un marché ;
• Le refus de transporter les fonctionnaires dans une région ;
• Les propos offensant vis-à-vis d’un agent de l’autorité.
Les représailles étaient circonscrites en 2 principaux types de mesure :
• La séquestration des biens, des amendes collectives, des corvées (travail effectué gratuitement par les indigènes pendant 2 à 6 semaines pour le compte de l’administration locale), l’internement qui pouvait se traduire par un assignement à résidence ou par une détention ;
• Les pouvoirs donnés aux agents de l’administration d’infliger des amendes ou des jours de prison.
Le pasteur George Washington Williams, et le missionnaire presbytérien William Sheppard, écrivent à Léopold II pour dénoncer les brutalités coloniales au Congo, en utilisant la formule « crime contre le genre humain ».
Toutes ces punitions appliquées aux populations autochtones ne donnaient lieu à aucun procès au préalable. L’objectif étant de semer la terreur dans le but d’exploiter au maximum les différentes richesses en limitant les dépenses jugées inutiles. Les différentes méthodes inhumaines privilégiées par les colons sont :
1-Le forçat ou travaux forcés
Les colonisés sont obligés d’effectuer des tâches rudes dans 3 principaux domaines choisis par le colon :
• L’agriculture ; ils travaillent dans de vastes plantations de cacao, café, coton et tabac. Au Congo belge par exemple, ils n’hésitaient pas à couper les membres des travailleurs jugés paresseux ;
• Les mines ; ils ramassaient pierres, charbon et autres métaux précieux qu’ils acheminaient par portage sur les côtes afin d’être transportés vers les industries européennes ;
• Le commerce ; il est entièrement contrôlé par les compagnies européennes notamment les Compagnies à Charte (compagnie possédant une concession d’un gouvernement lui donnant le droit de commerce avec certains privilèges). Mais le plus important ici est la relation entre le commerce et les voies de communication, parce que le développement de ces dernières était une priorité absolue. C’est ainsi que de nombreux individus vont payer de leur vie dans la construction des routes, des rails et des ports.
Le chemin de fer du Congo-Océan ( Le travail forcé dans les colonies : un crime contre l’humanité)
2-Les injustices
Étant considéré comme un être inférieur, le colonisé subit les frasques de l’administration coloniale. Il ne peut pas se plaindre en cas de violation de ses droits car ces derniers sont bafoués voire inexistants. Il doit se soumettre à ses maîtres blancs et exécuter toutes les tâches qui lui sont assignées. De même, les chefs locaux doivent allégeance à l’autorité coloniale. En cas de refus, ils sont bastonnés devant leurs épouses et enfants.
L’enrôlement des indigènes dans l’armée est l’autre forme d’injustice à relever ici. En effet, pour défendre leur territoire ou autre point stratégique leur appartenant, de nombreux hommes parfois très jeunes étaient réquisitionnés comme des soldats. Le plus souvent, ils étaient contraints de combattre leurs propres frères pour servir les intérêts de la métropole.
Sous prétexte de libérer les Africains de l'esclavage, Léopold, Roi des Belges, colonise le Congo (1885-1908), et met en place le travail forcé : sévices, prises d'otages, mains coupées et massacres en tout genre ont pour but de convaincre les plus récalcitrants. En quelques décennies, ce sont plusieurs millions de Congolais qui ont ainsi perdu la vie.
II- L’Imposition et les expropriations
1- L’imposition
L’autorité coloniale prenait des décisions qu’elle imposait aux africains sur le plan politique, économique et social.
a-Au niveau administratif (politique)
Avant l’arrivée des européens, chaque société africaine avait à sa tête un chef et un mode de succession en accord avec leur culture, mais l’arrivée des européens a bouleversé cet ordre établi. Pour faire assoir leur suprématie, ils s’attaquent en priorité à cette organisation politique. Ainsi, des chefs seront destitués, exilés, déportés ou emprisonnés. Certains seront assassinés pour avoir résisté ou désobéi à l’autorité coloniale. En effet, la où le dialogue ne passait pas (signature des accords en faveur de la métropole), la violence devait rétablir l’ordre. Ces chefs étaient remplacés par des valets au service de l’administration locale.
b-Sur le plan économique
Les colonies fonctionnaient par autofinancement. C’est pourquoi les autorités coloniales prélevaient les droits de douane et imposaient des taxes aux populations à l’instar de l‘impôt de capitation (une taxe par tête)) obligatoire à tout le monde c'est-à-dire aux personnes âgées de plus de 12 ans et même l’impôt de case (payé par famille).
En plus de ces taxes, la prestation était monnaie courante. Il s’agit ici d’un système de travaux forcés par lequel la population mâle travaille obligatoirement 10 jours par an sans salaire. Pour le service public, ce système s’apparentait à un impôt sur les travaux publics tels que la construction des routes et des chemins de fer. Les colonisés versaient leurs impôts aux chefs qui à leur tour les remettaient à l’autorité coloniale.
On va aussi assister à l’abandon des cultures de subsistance au profit des cultures de rente telle que le cacao, café, thé, coton etc. cette situation fut à l’origine du pacte colonial (système par lequel une métropole maintien le monopole commercial avec ses colonies qui sont contraintes de lui vendre la totalité de leurs productions de matières premières. Mieux encore, c’est un régime d’échange imposé par les pays européens à leurs colonies et selon lequel la colonie ne peut importer que des produits provenant de la métropole et qu’elle ne doit exporter que vers celle-ci).
c- Sur le plan culturel
On assiste à l’imposition de la culture occidentale au détriment des cultures africaines. Cette domination qualifiée de politique d’assimilation visait à influencer le nègre pour qu’il s’habille, mange, travaille, parle comme le blanc.
2-Les expropriations
L’expropriation est le fait de priver quelqu’un d’une propriété immobilière pour cause d’utilité publique moyennant une indemnité. À l’époque coloniale, les populations locales furent les principales victimes car cet acte ne figurait dans aucun traité signé par les chefs locaux. Mais, du point de vue du maitre, l’expropriation s’inscrit dans une démarche logique dans la mesure où les blancs ne peuvent pas cohabiter avec les indigènes pour plusieurs raisons :
• Ils estiment que les maladies tropicales sont contagieuses. Par conséquent pour les éviter, il faut éloigner les industries le plus loin possible de leurs habitations ;
• Ils exproprient les africains situés dans les régions où ils souhaitent exploiter les mines ou créer de grandes plantations sans aucune compensation financière. L’objectif était d’éviter toute concurrence entre les propriétaires blancs et les indigènes d’une part et de contraindre ceux qui sont expulsés de leur terre à travailler gratuitement pour les colons d’autres part.
L’autre prétexte avancé est la raison de terre vacante et inoccupée. Ils procédaient donc par confiscation, expropriation ou par cantonnement car, selon eux celles-ci doivent être mises en valeur par les colons. En outre, certaines terres occupées par les colons considérés comme des propriétaires étaient encore vendues à d’autres colons ou à des grandes compagnies d’exploitation agricole Au Cameroun, tous ceux qui se sont opposés à cette pratique furent traqués et exécutés par l’administration coloniale. C’est le cas de Martin Paul Samba, Douala Manga Bell, Ngosso Ndin etc.
Sur l’image de droite vers la gauche respectivement : Ernest Ouandié, Matthieu Njassep et Fotsing Raphaël avec les têtes coupées après exécution de leurs condamnations à mort (Guerre d’indépendance chez les Bamilékés et Bassa après l’indépendance du Cameroun en 1960)
Conclusion
La conquête coloniale et l’instauration des systèmes coloniaux ont permis à l’Europe de s’implanter en Afrique. Cette occupation forcée s’est surtout accompagnée d’une exploitation économique à outrance ainsi que le bouleversement des structures traditionnelles, qui ont conduit à la superposition des civilisations. L’on a observé la perte de l’identité culturelle dans plusieurs régions du continent qui perdure jusqu’au aujourd’hui. L‘Éthiopie, sous le règne du Négus Ménélik II, est le seul pays d'Afrique à avoir résisté à l’invasion coloniale européenne, et cela, malgré les nombreuses tentatives de l'Italie. C'est pourquoi elle a été choisie symboliquement pour être le siège de l'Organisation de l'Union Africaine en 1963. Son premier président est d'ailleurs le Négus d’Éthiopie, Haïlé Sélassié.