INTRODUCTION
Au lendemain de la signature du traité Germano-Duala le 12 Juillet 1884, les allemands entreprirent de conquérir tout leur territoire. Cette conquête ne sera pas facile car en face d’eux se dresse une résistance acharnée, incarnée par quelques camerounais nationalistes.
I- CONQUÊTE ET RÉSISTANCE SUR LA COTE
1-LA RÉSISTANCE DE LOCK PRISO
Lock Priso n’a jamais souhaité l’occupation de son territoire par les allemands mais plutôt par les anglais. Apres le 12 Juillet 1884, il organise une révolte qui s’achève par la destruction des quartiers Joss et Bonabérie en Décembre 1884.
2-LA RÉSISTANCE DES BAKWERI
Sous prétexte de punir le chef Kuva Likengne qui pratiquait des coutumes barbares, une expédition allemande commandée par Gravenrenth arrive dans le Sud ouest. Celle-ci échoue mais une deuxième est organisée et se termine par la victoire allemande. Les conséquences de cette défaite sont :
- Le payement des rançons par le chef bakwéri ;
- La construction de la capitale à Buea ;
- La confiscation des terres.
3-LA RÉSISTANCE EN PAYS BASSA ET BAKOKO
Chez les Bassa et Bakoko, la résistance est conduite par le chef Toko de Bona Ngan assisté de Ngange[Ngangué] et Janje de Pongo-Songo. Cette résistance est vaincue par les allemands Kund Tappenbeck et Hans Dominick. La plus grande conséquence est la construction des lignes de chemin de fer Douala-Yaoundé et Grand Batanga-Kribi.
II- CONQUÊTE ET RÉSISTANCE A L’INTÉRIEUR
1-LA RÉSISTANCE SYMBOLIQUE DES EWONDO
Arrivé à Yaoundé en 1897, Kund Tappenbeck fonde la station de Yaoundé qui devint rapidement une base militaire à partir de laquelle plusieurs expéditions seront organisées. Les chefs Ndengue Kathou et ses homologues vont purement et simplement assister à l’installation des allemands sur leur territoire. Mais les pratiques inhumaines des envahisseurs (brutalité, corvée, bastonnade et impôts très élevés) vont révolter les chefs comme Onambélé, Omgba Bissogo, Charles Atangana qui vont tenter d’organiser une résistance. Malheureusement elle va se solder par la victoire de Hans Dominick.
2-CHEZ LES BULU
Soucieux de préserver leur rôle d’intermédiaires entre les commerçants européens et les peuples de l’intérieur, les Bulu se montrent antipathiques face aux allemands. En 1899, le chef Oba’a Mbeti organise une guerre contre l’envahisseur. Mais il sera vaincu en 1901 ce qui va permettre aux allemands d’occuper Kribi et Ebolowa. Pour avoir fustigé le comportement des allemands, Martin Paul Samba sera fusillé à Ebolowa.
3-LA RÉSISTANCE DES PEUPLES DE L’EST
Sous la direction Nguelemendouka, et d’Okong, les Maka et les Nyem vont résister jusqu’en 1907 avant d’être vaincus par Hans Dominick. Des postes administratifs sont alors crées à Bertoua, à Batouri et à Yokadouma.
4-A L’OUEST
Sur les Hauts plateaux de l’Ouest, les allemands contournent les Tikar et se heurtent pendant 8 ans aux armées solides en pays bamiléké. En 1890, les Bafut résistent à Zintgraff et tuent 2 de ses émissaires. En 1901, le lieutenant Pavel attaque Bafut et incendie le palais royal. La destruction de ce symbole de puissance marque la fin de cette révolte. Le chef Fontem Asonganyi résiste farouchement aux allemands. Mais il est fait prisonnier, et exilé à Garoua. Chez les Bamoun, les allemands rencontrent le sultan Njoya mais ce dernier noue plutôt une solide amitié avec eux.
Avec l’occupation de Baboutés en 1901, de Bafia en 1905, le Sud, le Centre et l’Ouest sont entièrement sous l’emprise des envahisseurs.
III- CONQUÊTE ET RÉSISTANCE AU NORD
Les conquêtes ici furent les plus difficiles parce que les allemands y affrontent des armées organisées avec des soldats foulbé aguerris par un siècle de conquêtes. En 1888, Zintgraff part de Yaoundé et veut atteindre l’Adamaoua mais il est vaincu par le lamido Mohama de Tibati. En 1893, Von Stetten tente une fois de plus de s’emparer de Tibati, tentative qui se solde encore par un échec. Devant ses successions d’échecs, les allemands décident de créer un passage à travers la Bénoué pour atteindre Garoua. En 1894, Passarge décide d’affronter l’armée de Bouba Ndjida, le lamido de Rey Bouba, mais il va rebrousser chemin. En 1899, une expédition venant de Yoko affronte encore le lamido de Tibati qui est vaincu cette fois. En 1901, Ngaoundéré est occupé. En 1902, Yola, Garoua, Maroua, Mora et Kousseri sont occupés ce qui assure la jonction avec le lac Tchad. En 1902, la conquête coloniale allemande est achevée.
NB : il est important de noter que plusieurs camerounais considérés comme des résistants, l’ont effectivement été face à l’administration coloniale et non face à la pénétration allemande. Il s’agit notamment de Rudolph Douala Manga Bell (pendu le 8 Aout 1914), de Martin Paul Samba, de Charles Atangana, de Madola chef des Batanga, des lamibé de Kalfu et de Mindif. Ceux-ci ont d’abord été les auxiliaires de l’administration coloniale avant de s’insurger contre la politique coloniale faite d’injustice, d’abus et de contradiction.
CONCLUSION
La conquête allemande au Cameroun fut difficile à cause de plusieurs facteurs dont les plus importants sont :
- Le climat (chaleur torride au nord), la végétation (forêt dense difficilement pénétrable).
- Les maladies tropicales qui ont entrainé un taux de mortalité élevé parmi les troupes allemandes.
- Mais surtout la résistance farouche de certains dignitaires camerounais qui voulaient conserver leur indépendance. Malheureusement, à l’exception de la résistance des Nyem-Nyem, toutes les autres ont été vouées à l’échec à cause du manque d’expérience, de l’armement archaïque, du manque d’entente entre les chefs et des trahisons.