Définie comme le domaine des sciences du langage qui étudie la langue en situation concrète de son utilisation, la pragmatique s’intéresse à ce qui ressort des paroles que nous prononçons au quotidien dans des situations bien précises. C’est dire qu’il sera judicieux dans ce cours de déterminer concrètement le pouvoir qu’a une parole sur son destinataire. Ainsi devons-nous comprendre que nos discours, nos conversations ont un pouvoir certain sur celui qui nous écoute. Il faut donc savoir ce que parler veut dire : agir sur son vis-à-vis.
C’est dans cette logique qu’il faut comprendre l’américain John AUSTIN quand il dit que
« dire c’est faire » (How to do things with words).
Brice PARRAIN suit la même logique :
« Les mots sont des pistolets chargés. Lorsque nous parlons nous tirons. »
Qu’est ce qui fait donc la puissance du discours ? D’où lui vient cette puissance ?
I. Les trois actes du langage
Un acte de langage est un discours prononcé, un texte écrit par quelqu’un dans une situation précise. On en distingue trois types
I.1. L’acte locutoire ou locutionnaire
C’est le fait de combiner des mots pour former des phrases ou des textes.
I.2. L’acte illocutoire
Il répond à la question de savoir ce que nous faisons lorsque nous accomplissons un acte locutoire. A cette question nous répondons que nous produisons 3 types de phrases, trois modalités énonciatives :
• L’assertion ou affirmation
• L’interrogation
• L’injonction.
I.3. L’acte ( ou l’effet) perlocutoire ou perlocutionnaire
Il est question ici des effets produits par l’acte locutoire (pleurs, joie, bonheur, déplacement mécontentement, haine, amour, affection, amitié…)
Exemple :
Lorsque vous dites à un enfant qui vient d’avoir son Baccalauréat : « Bravo, tu es l’un des plus brillants de ce pays », il avance avec fierté et assurance.
II. Les valeurs des actes de langage (illocutoire - perlocutoire)
Lorsque nous parlons à quelqu’un, nous voulons agir sur lui d’une manière ou d’une autre ; et pour ce faire nous avons plusieurs possibilités :
II.1. Pousser à agir
À travers les trois modalités énonciatives (types de phrases) suscitées, nous pouvons pousser notre interlocuteur à agir :
• L’interrogation qui joue le rôle de l’injonction.
Exemple : Pouvez-vous recopier ce sujet au tableau ?
• L’assertion qui joue le rôle de l’injonction.
Exemple : Tu es très sale.
• L’injonction qui joue le rôle de l’interrogation.
Exemple : Prenez soin de vous, car chaque joue est une vie.
• L’assertion qui joue le rôle de l’interrogation.
Exemple : voilà une belle paire de chaussure.
NB : Ces phrases n’ont d’effet efficace que dans un contexte précis.
II.2. Unir ou désunir ⁄ conjonction ou disjonction
Dans son œuvre intitulée Les Nouveaux actes sémiotiques, Pierre ASSARAF rédige un article intitulé
« Quand dire c’est lier (…) », il veut montrer que quand nous parlons nous attirons des autres leur sympathie (conjonction) ou leur antipathie (disjonction) ; nous nous rapprochons d’eux ou nous nous en éloignons. En effet tout discours a cette particularité qu’il a le pouvoir de nous rendre d’accord ou non. Il écrit :
« Les actes de langage ont […] en plus de leur pouvoir de signifier, le pouvoir de lier et de délier, d’unir et de désunir les hommes […] ».