Ce texte aborde la misère dans les pays sous-développés, évoquant d'abord la faim et la pauvreté visibles dans des régions comme Constantine et les Aurès. Il souligne que la misère ne se résume pas uniquement au manque de nourriture, mais englobe également la diminution des capacités intellectuelles et l'annihilation des efforts humains. L'auteur suggère que la satisfaction des besoins vitaux, bien que cruciale, ne constitue pas nécessairement le bonheur ou le plein épanouissement de l'être humain.
La misère du sous-développé ne se limite pas à la faim physique, mais aussi à une faim subjective et objective :
• La faim subjective renvoie à la conscience d'un écart entre ce que l'on est et ce que l'on souhaite être, que ce soit pour le paysan cherchant à produire plus pour son propre bien-être ou le chômeur urbain aspirant à un emploi stable.
• La faim objective est caractérisée par l'ignorance, la superstition et l'absence de liberté, qui maintiennent l'homme dans un état d'aliénation vis-à-vis de la nature et de lui-même.
L'auteur dénonce cette ignorance superstitieuse, expliquant comment elle entrave le progrès, notamment dans des situations où des croyances traditionnelles empêchent des initiatives modernes, comme la construction de routes pour des raisons rituelles. La méconnaissance des capacités humaines et la soumission à des structures figées, dépourvues de raison, maintiennent ces sociétés dans une inertie néfaste à leur développement.
La misère objective réside dans cette aliénation et ce manque de rationalité.
L'auteur souligne que la véritable misère n'est pas seulement le manque matériel, mais surtout l'incapacité à exprimer pleinement la liberté et la rationalité, marques fondamentales de l'humanité. Ainsi, la misère dans les pays sous-développés se révèle être à la fois subjective et objective, limitant la liberté et la pleine expression de l'être humain.