« Chez les voisins, Loutaya ne dormit pas aussitôt non plus. Ce n'étaient pas les coups reçus qui lui faisaient tambouriner la tête et battre rapidement les tempes, qui l'avaient tenue éveillée, mais les paroles terribles de son mari « «Je veux des enfants et non de ta beauté... » son charme ne comptait donc plus pour son époux ; ses sourires et regards ne lui plaisaient plus; il lui fallait des enfants. Des enfants! Mais elle en voulait, elle aussi ! Elle attendait depuis des lunes l'heureux moment où elle deviendrait mère. Souvent, elle se disait que le jour où elle aurait un enfant, ce serait le bonheur parfait pour elle ; elle ne penserait plus qu'à cet enfant, ne vivrait plus que pour lui et relèguerait volontiers ses soucis de coquetterie, de préoccupations mondaines et ses devoirs matrimoniaux au second plan. Elle ne serait là que pour son enfant à qui elle chanterait les plus belles berceuses que sa mère lui avait apprises, elle ne le laisserait pas pleurer un seul instant et ferait tout pour 1c soustraire aux convoitises des « mangeurs d’âmes », des jeteurs de sorts, et aux menaces des envieux et des jaloux. Le jour où elle aurait un enfant... des enfants... Elle en aurait, elle en
était sûre. Était-il pensable qu'elle n'en eût point ? N'étant-elle pas issue de deux lignées réputées les plus productrices d'enfants? La lignée « nsembo », dont elle descendait de par son père, comptait parmi les meilleures du pays. Du côté de sa mère, elle était fille de « ndamba ». Or celle-ci, selon sa mère, se trouvait au second rang parmi toutes celles qui peuplaient le pays.
Sa mère était la vérité, presque l’infaillibilité, surtout quand elle parlait des problèmes et des mystères de la tribu. Elle était pour Loutaya le livre le plus précieux où, jeune fille, elle avait lu et appris toute l'histoire, la lointaine et glorieuse histoire de ses aïeux et de leurs successeurs qui avaient contribué à perpétuer, par leur comportement, leur productivité, la vie et la renommée de la lignée « ndamba » et assuré sa survivance sinon son triomphe au milieu de tant d‘ennemis et de rivaux.
Guy Menga, la palabra stérile, “Je veux des enfants”.
l. Communication / 5 pts
l. Soit l'extrait : « Chez les voisins... ta beauté »
a. À partir d'indices précis, identifiez les émetteurs de cet extrait. 1,5 pt.
b. Justifiez leur alternance. 1 pt.
2. Soit l'extrait ; « Je veux des enfants et non de ta beauté .... »
a. identifiez le présupposé et le sous-entendu de cet énoncé. 1,5 pt.
b. Que veut dire exactement le locuteur ? 1 pt.
II. Morphosyntaxe / 5 pts.
1. a. Repérez les phrases exclamatives du passage. 1,5 pt.
b. Dites ce qu'elles expriment. 1 pt
2. Soit l’extrait : « Des enfants! [...] qui peuplait le pays »
a. Relevez trois connecteurs logiques différents dans cet extrait. 1,5 pt
b. Donnez leurs valeurs d'emploi. 1 pt.
III sémantique / 5 pts
1. a. Construisez le champ lexical de la violence physique et celui de la violence morale dans le texte. 1,5 pt.
B .Que révèlent- t ‘ils sur la situation de cette femme ? 1 pt
2. Soit le substantif: « beauté » dans l'extrait «Je veux des enfants et non de ta beauté … »
a. Dites quelle connotation est attachée à ce mot. 1,5 pt
b. Qu'est-ce qui justifie cet emploi? 1 pt
IV. Rhétorique des textes / 5 pts.
1. a. A partir d'indices illustrés d'exemples, dites à quel type appartient ce texte 1 pt.
b. Quelle est la fonction de ce type de texte? 1 pt
2. a. À partir d'indices textuels soigneusement relevés, déterminez la tonalité dominante de ce terme. 1,5 pt.
b. Quel est l’effet recherche par l'emploi de cette tonalité 1 pt.