La chute d’un arbre
La panique figea sur place les assistants. Au cri d’angoisse qui jaillit des poitrines, Doussou se retourna d’un bloc. Il eut à peine le temps de comprendre l’imminence du danger qui le visait. La feinte de l’adversaire le stupéfia. Désempare, il voulut fuir, mais sa jambe éclopée ne suivit pas l’élan de tout l’être qui tentait d’éviter le choc mortel. Au lieu de regarder avant d’amorcer sa course claudicante dans quel sens l’arbre allait tomber, il tourna le dos. La puissance du choc étant décuplée par l’accélération au niveau de la ramure, une terrible volée le plaqua au sol. La rafale provoquée par la chute et le fracas des branches étouffèrent le cri humain qu’il allait jeter. Des feuilles déchiquetées et des insectes dérangés voltigèrent en un tourbillon désordonné. Puis, subitement, il se fit un silence si absolu qu’on entendit le lointain ricanement d’un toucan.
Tout le monde, comme hébété, semblait attendre que Dossou se relevât de dessous les branchages. Quand il fut certain qu’on n`entendrait plus le moindre gémissement, les hommes s`animèrent à la fois, ainsi que des termites en déroute.
Jean Pliya, L’Arbre fétiche, 1971.
N.B : Écrire au tableau le nom Dossou.