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Probatoire
Littérature
C & D & E & TI
2017
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Le candidat traitera l'un des trois sujets au choix
Sujet de type I : Contraction de texte et discussion
Les enfants du spot
On ne peut qu'être frappé par le rituel entourant l'écoute de la publicité à la télévision (le média principal des enfants). Alors que le mode habituel d'écoute est celui d'une attention divisée entre plusieurs tâches (jouer, feuilleter et regarder) dès qu’il entend la musique du générique l'enfant interrompt ses tâches parallèles et vient se camper devant le poste.
Qui plus est, il demande le silence autour de lui: tout est assujetti aux publicités. Il est fréquent que l'enfant accepte d'aller se coucher mais « après la pub». Ce rituel d'attention répétitive et source de plaisir rappelle à s’y méprendre celui lié aux contes et histoires racontés autrefois aux enfants par les parents et les grands-parents, au point qu'on a pu dire des publicités qu'elles étaient les comptines des temps modernes. Il est vrai que, de tous les programmes télévisés, la publicité est 1e seul à être exactement répété à l'identique.
La répétition est une dimension fondamentale du conte. Tous les manuels pour apprendre aux parents à raconter des histoires aux enfants insistent sur ce fait : le conte doit être redit non seulement dans les mêmes termes, mais encore avec la même mimique, les mêmes gestes, les mêmes intonations. La répétition mot à mot, mimique, est fondamentale. Pour les histoires comme pour la publicité, elle permet à l'enfant de s'en pénétrer peu à peu, et d'attendre avec délice l'évènement drôle ou inquiétant, l'heureux dénouement.
La répétition à heures fixes de la publicité, à l'instar de celle désormais disparue du conte, engendre trois plaisirs. D'abord celui de l'attente. L'enfant sait quand la publicité doit venir : soit en termes de contiguïté avec une autre émission, soit en terme d'horaire pour ceux qui maîtrisent ce concept. Ceci n'est pas spécifique à la publicité et concerne tout autant les feuilletons. D'une façon générale, le retour des mêmes émissions, tout comme les activités rituelles de s'alimenter, de s'endormir et de se lever apportent l'attente, la satisfaction et la sécurité de ce qui se répète.
La répétition procure aussi le plaisir de participer: Lorsque la publicité apparaît, elle n'engendre nullement l'ennui, mais un plaisir intense de revoir ce que l'on sait déjà par cœur, déclenchant toujours le même amusement, lorsque l'image-clé ou la saynète-clé réapparaissent sur l'écran.
Le troisième plaisir est celui de réagir avec les autres. Le plus souvent, l'enfant ne regarde pas la télévision seul mais avec ses frères et sœurs ou ses amis. Il y a donc une émotion collective qui s'ajoute à l'émotion individuelle.
La publicité a d'autres ressemblances structurelles avec le conte, qu’elle soit destinée à l'adulte ou à l'enfant. Toute fable passe par la mise en place de quelques personnages, en nombre réduit, suivie d'une phase de tension, de suspense, qui se résout heureusement toujours à la fin, grâce éventuellement à un artifice magique. Il en va de même des publicités télévisées. [. . .]
La publicité à la télévision fournit une moisson quotidienne d'actes miraculeux: ainsi, une colle parvient à faire tenir un homme, collé au plafond par ses semelles l La résolution du problème. Le moment où toute difficulté se résorbe, la scène finale d'épanouissement sont des facteurs importants dans la satisfaction que tirent les enfants de la publicité télévisée. [. . .]
Enfin ce n'est pas la moindre des similitudes, la publicité comme le conte exercent une fonction rassurante. Structurellement, elle est la parenthèse du merveilleux, alors que le reste du programme est souvent dramatique, ainsi elle encadre le journal télévisé, où l'on ne parle, au dire des enfants, que de chômage, de grèves, de guerres, autant de sujets angoissants pour l'enfant. Les enfants ont envie d'avoir confiance dans la vie : le journal télévisé est ce qu'ils aiment le moins. Par contraste, la publicité fournit à l’enfant une vision rassurante du monde : les problèmes y trouvent tous leur résolution, le monde décrit est monde de bonheur.
Bruo Bettelheirn, Le cœur conscient, 1960.
Ce texte comporte 686 mots. Vous l’analyserez en 229 mots. Une marge de 23 mots en plus ou en moins sera tolérée. Vous indiquerez à la fin de votre analyse le nombre de mots utilisés.
Discussion : 10 points
Pensez-vous, comme Bruno Bettelheim que la publicité soit le seul espace qui puisse rassurer les jeunes téléspectateurs ?
Vous répondrez à cette question dans un développement argumenté et illustré d’exemples tirés de votre expérience.
Présentation : 2 points

Sujet de type II : Commentaire composé
Dès qu’il eut fini sa besogne journalière, il songea à la façon dont il mangerait sa chambre pour recevoir sa maîtresse et dissimuler le mieux possible la pauvreté du local. Il eut l’idée d’épingler sur les murs de menus bibelots japonais, et il acheta pour cinq francs toute une collection de crépons, de petits éventails et de petits écrans, dont il cacha les taches trop visibles du papier. Il appliqua sur les vitres de la fenêtre des images transparentes représentant des bateaux sur des rivières, des vols d’oiseaux à travers des ciels rouges, des dames multicolores sur des balcons et des processions de petits bonshommes noirs dans les plaines remplies de neige.
Son logis, grand tout juste pour y dormir et s’y asseoir, eut bientôt l’air de l’intérieur d’une lanterne de papier peint. Il jugea l’effet satisfaisant, et il passa la soirée à coller sur le plafond des oiseaux découpés dans des feuilles coloriées qui lui restaient.
Puis il se coucha, bercé par le sifflet des trains.
Il rentra de bonne heure le lendemain, portant un sac de gâteaux et une bouteille de madère achetée chez l’épicier. Il dut ressortir pour se procurer deux assiettes et deux verres ; et il disposa cette collation sur sa table de toilette, dont le bois sale fut caché par une serviette, la cuvette et le pot à l’eau étant dissimulés par-dessous.
Puis il attendit.
Elle arriva vers cinq heures un quart, et, séduite par le papillotement coloré des dessins, elle s’écria :
« Tiens, c’est gentil chez vous. Mais il y a bien du monde dans l’escalier. »
Il l’avait prise dans ses bras, et il baisait ses cheveux avec empattement, entre le front et le chapeau, à travers le voile.
Une heure et demie plus tard, il la reconduisit à la station de fiacres de la rue de Rome. Lorsqu’elle fut dans la voiture, il murmura : « Mardi, à la même heure. »
Guy de Maupassant, Bel-Ami, 1ere partie, chap. V.
Vous ferez de ce texte un commentaire composé sans dissocier le fond de la forme. Vous pourrez, si vous le voulez, en vous appuyant sur les champs lexicaux, les figures de style, les temps verbaux, etc., montrer comment le personnage use de dissimulation pour plaire à son invitée.

Sujet de type III : Dissertation
Malherbe, célèbre poète français, s’adressant à son disciple Racan au sujet de leur art, déclare : « Toute la gloire que nous pouvons espérer est qu’on dira de nous que nous avons été deux excellents arrangeurs de syllabes. » La poésie peut-elle être réduite à la simple recherche du beau ?
Vous répondrez à cette question dans une argumentation étayée d’exemples tirés des œuvres poétiques que vous connaissez.