Correction epreuve de littérature au baccalauréat A, B, C, D et TI blanc 2018 (Nord-Ouest)
SUJET DE TYPE l : Contraction de texte et discussion
Les pauvres, nous les voyons aujourd'hui à la télévision à la fois proche et lointaine. Ils sont «ailleurs», air-delà des mers, dans ce «Tiers Monde» immense et un peu effrayant dont on nous décrit épisodiquement le «naufrage»: visages émaciés, fermés et inquiétants des «favelas» de Rio, adolescents prostitués des «Trottoirs de Manille», enfants aux membres grêles et aux ventres ballonnés du Sahel, victimes de famines toujours recommencées. Ils font irruption chez nous, dans la quiétude de nos foyers, entre deux spots publicitaires pour la nouvelle machine à laver « qui libère la femme», les couches miracles pour bébés dodus ou le dernier modèle d'automobile.
Paradoxe : ces pauvres lointains banalisés par le petit écran, nous sont devenus plus familiers que ceux, tout proches pourtant, qui vivent sur les marges de notre société de consommation. C'est qu'ils sont discrets, ces pauvres-là de chez nous, discrets et souvent honteux. Ils hantent les bureaux de l'aide sociale ou de l’Administration de l'Emploi à la recherche de secours matériels qui leur éviteront de sombrer dans une misère totale, ou de travail qui leur permettra de reprendre, la tête haute, leur place dans la société. Certains, par pudeur, souvent par ignorance, ne reçoivent aucune aide. D'autres hésitent…
Des chercheurs évaluent à 6 millions ceux qui vivent sous le seuil de la pauvreté en France.
Trente millions de pauvres compterait la Communauté Européenne, et cela malgré la croissance économique. Aux États-Unis, symbole de la richesse industrielle, 35 millions d'Américains vivent en 1988 dans la pauvreté.
Comment expliquer un tel phénomène constaté dans tous les pays riches? La contradiction n'est qu’apparente. Les aides, les secours, les prestations et allocations diverses ne constituent que des palliatifs, ne sont qu'autant de bouées de sauvetage qui empêchent les intéressés de sombrer. Mais elles ne peuvent éradiquer un phénomène engendré par un système économique fondé sur la productivité et la recherche du profit et qui secrète à la fois l'enrichissement d'un nombre plus ou moins grand et l'appauvrissement de ceux qui ne sont pas ou plus adaptés aux lois implacables de la société industrielle capitaliste.
Ces pauvres ou ces victimes peuvent être classés en deux catégories: ceux qui, nés pauvres, ont toutes les chances de le rester et ceux qui le deviennent au cours de leur vie. Les premiers sont pauvres de génération en génération. Ils cumulent les handicaps et forment ce «Quart Monde» qui vit en état de ségrégation permanente, qu'il s'agisse du logement, surpeuplé et précaire, du travail, pratique irrégulière de petits métiers, de l'école peu fréquentée ou très vite abandonnée. C’est là que se recrutent les alcooliques, les vagabonds. Les « asociaux » de toutes sortes, là que se font les familles nombreuses qui permettent de bénéficier plus largement des aides sociales. (Terre contre-société installée sur les lisières du système dominant comporte des sous-groupes, des minorités ethniques qui souffrent d'un handicap supplémentaire : la couleur de leur peau et l'appartenance à une culture étrangère : Mexicains ou Portoricains aux États-Unis, Indiens au Canada,, Noirs en Grande Bretagne, Arabes en France… Ils payent le prix de la différence.
Et puis il y a ceux qui, trop faibles, trop vulnérables, sont laminés par un système ou les régies de la compétitivité sont impitoyables. A ce «palmarès des déshérités» figurent en bonne place les vieillards, rejetés comme des pièces de machines usées, les enfants orphelins ou abandonnés, les femmes seules, les chômeurs, victimes de la rationalisation et de l'automatisation dans leurs entreprises.
Cette pauvreté est ressentie d'autant plus durement si une crise économique affecte les riches sociétés industrielles, entraînant une paupérisation croissante. Et surtout si une telle crise intervient après une fantastique période d'expansion qui avait engendré des besoins nouveaux, des modèles de consommation, des normes d'existence sociale et familiale, dont le non-respect crée un sentiment d'exclusion. Après de brèves flambées de colère, c'est vite la résignation vécue dans l'humiliation, la pauvreté dissimulée comme une tare, d'autant plus insupportable à assumer pour ceux qui n'ont pas été préparés à la subir.
D'après Daniel JUNQUA (Dossier Le Monde)
I Résumé : / 5 points
Ce texte comporte 690 mots. Faites-en un résumé en 173 mots. Une marge de 17 mots en plus ou en mois vous est accordée.
Vous indiquerez à la fin de votre résumé le nombre de mots utilisés.
II- Discussion : / 10 points
Parlant de réalités sociales dans les pays en voie de développement, ce que Daniel JUNQUA appelle le Quart Monde, ce dernier affirme : C‘est là que se recrutent les alcooliques, les vagabonds. les «asociaux» de toutes sortes. Partagez-vous entièrement ce point de vue ? Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur des arguments et exemples solides et concrets tirés de votre observation de la société et de vos expériences quotidiennes.
SUJET DE TYPE II : COMMENTAIRE COMPOSÉ
À la Santé
I Avant d’entrer dans ma cellule
Il a fallut me mettre nu
Et quelle voix sinistre ulule
Guillaume qu’es-tu devenu
Le Lazare entrant dans la tombe
Au lieu d’en sortir comme il fit
Adieu adieu chantante ronde
Ô mes années ô jeunes filles
III.
Dans une fosse comme un ours
Chaque matin je me promène
Tournons tournons tournons toujours
Le ciel est bleu comme une chaine
Dans une fosse comme un ours
Chaque matin je me promène
Dans la cellule d’à côté
On y fait couler la fontaine
Avec les clefs qu’il fait tinter
Que le geôlier aille et revienne
Dans la cellule d’à côté
On y fait couler la fontaine
IV.
Que je m’ennuis entre ces murs nus
Et peints de couleurs pâles
Une mouche sur le papier à pas menus
Parcours mes lignes inégales
Que deviendrais-je ô Dieu qui connaît ma douleur
Toi qui me l’as donnée
Prends en pitié mes yeux sans larmes ma pâleur
Le bruit de ma chaise enchainée
Et tous ces pauvres cœurs battant dans la prison
L’Amour qui m’accompagne
Prends en pitié sur ma débile raison
Et ce désespoir qui l’a gagne.
VI
J’écoute les bruits de la ville
Et prisonnier sans horizon
Je ne vois rien qu’un ciel hostile
Et les murs nus de ma prison
Le jour s’en va voici que brûle
Une lampe dans la prison
Nous sommes seuls dans ma cellule
Belle clarté chère raison
Guillaume Apollinaire, Alcools, Poésie, 1913.
Sans dissocier le fond de la forme, vous ferez de ce texte un commentaire composé. Vous pourrez, si vous le Voulez, en étant attentif aux procédés de versification, à la ponctuation, aux figures de style, aux champs lexicaux, etc. analyser la situation carcérale du poète.
SUJET DE TYPE III : DISSERTATION
« Pour l’artiste et en dépit de ses convictions politiques les plus fermes, en dépit même de sa bonne volonté de militant, la littérature ne peut être réduite à l’état de moyen au service d’une cause qui la dépasserait, celle-ci fut-elle la plus juste, la plus exaltante : l’écrivain ne met rien au-dessus de son travail et il s’aperçoit très vite qu’il ne peut créer que pour rien. »
Partagez-vous ce pessimisme D’Alain Robbe-Grillet au sujet l’impuissance du travail de l’écrivain? Vous vous appuierez aussi bien sur votre connaissance des œuvres littéraires que sur l’actualité pour y répondre.
Correction epreuve de littérature au baccalauréat A, B, C, D et TI blanc 2018 (Nord-Ouest)