Sujet I
Sujet de type l : Contraction de texte et discussion
Génocide culturel
Par définition, la langue maternelle est la première langue parlée par l'enfant. Propre à une ethnie, une tribu ou à une région, elle permet à une population donnée de communiquer. De manière générale, c’est au sein de son noyau familial que l’enfant acquiert les fondamentaux linguistiques de sa communauté.
Dans les échanges de tous les jours avec les siens, le petit enfant entend des mots, apprend des expressions et les rend automatiquement le moment venu. Pour que ces automatismes se produisent, il faut bien que quelqu’un parle régulièrement à l’enfant dans sa langue. Or qu’est-ce que nous constatons de nos jours ?
À partir des observations dans les familles, certains attribuent d’emblée la décadence de nos langues maternelles à la colonisation, oubliant que si l’ « Homme blanc » s’est donné pour première mission d’imposer sa langue aux a permises primitifs », c’était bien à dessein, pour mieux s’imposer. Et comme pour les aider dans cette mission, des parents (parfois illettrés) ont accéléré la pratique dans leurs familles respectives, histoire sans doute de montrer à leurs «patrons blancs » qu’ils sont dignes de la confiance placée en eux et qu’ils peuvent en toute efficacité perpétuer leurs œuvres et leur volonté, ou encore tout simplement pour montrer à leurs convillageois qu’ils sont déjà plus évolués, loin du patois (terme péjoratif pour désigner la langue maternelle). Plus grave, avec ces langues étrangères très souvent mal assimilées (faute de niveau) et imposées aux enfants pour être à la mode, ceux-ci deviennent des monstres culturels qui ne savent finalement parler aucune langue [. . .]
Aujourd’hui des mots comme « ginseng » et autres se sont déjà imposés et avec l’envahissement des pays émergents des mots comme ceux-là auront certainement des beaux jours devant eux. C’est la preuve que personne n'a besoin de tuer son identité linguistico-culturelle pour faire moderne, et se lancer sauts repère pour paraître bien intégré dans une mondialisation où on y va que pour copier intégralement la culture des autres.
À l’ère de ce qu’il convient de qualifier de «génocide » de nos langues maternelles, il faut passer par l’histoire pour retrouver notre identité et savoir que chaque fois qu’une identité est menacée par des préjugés, c’est la déperdition de la langue. Étant donné le lien étroit qui existe entre la langue et la culture, il est évident que lorsque l‘on connaît la nature par la langue d’un autre, on est déraciné parce qu'on perd d‘office les spécificités socio-psychologiques locales. Ceci expliquant cela, on peut aisément déduire la raison pour laquelle le Cameroun a si mal à son développement. Une étude comparative entre l’‘Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest laisse voir que cette dernière est plus en avance sur la première, car leurs langues locales ont une attention particulière et sont le principal instrument de communication.
Et pour en arriver là, il est inutile de rappeler que l’apprentissage de la langue maternelle commence par la maison. Malheureusement, à l’allure où vont les choses, on assistera bientôt aux funérailles de nos langues traditionnelles.
Pierre-Marie PONE « Racine >> N° 128, 201 l.
1) Résumé /08 pts
Ce texte comptine 528 mots. Résumez-le en 132 mots, une marge de 13 mots en plus ou en moins est tolérée.
Précisez le nombre de mots utilisés à la fin de votre résumé.
2) Discussion / 10 pts
Pierre-Marie PONE affirme dans le texte : « Lorsque l’on connaît la nature par la langue d'un autre, on est déraciné parce que l’on perd d’office les spécificités socio-psychologiques ».
Partagez-vous ce point de vue de l’auteur sur l’acculturation comme conséquence négative de la mondialisation ?
Vous répondrez à cette interrogation dans un développement illustré d’exemples tirés de votre culture générale.
3) Présentation /2 pts
Sujet II
Sujet de type 2 : Commentaire composé
Et Georges Duroy monta l’escalier.
Il était un peu gêné, intimidé, mal à l'aise. Il portait un habit pour la première fois de sa vie, et l'ensemble de sa toilette l’inquiétait. Il la sentait défectueuse en tout, par les bottines non vernies, mais assez fines cependant, car il avait la coquetterie du pied, par la chemise de quatre francs cinquante achetée le matin même au Louvre, et dont le plastron trop mince se cassait déjà. Ses autres chemises, celles de tous les jours, ayant des avaries plus ou moins graves, il n’avait pu utiliser même la moins abîmée.
Son pantalon, un peu trop large, dessinait mal la jambe, semblait s’enrouler autour du mollet, avait cette apparence fripée que prennent les vêtements d’occasion sur les membres qu’ils recouvrent par aventure. Seul, l’habit n’allait pas mal, s’étant trouvé à peu près juste pour la taille.
Il montait lentement les marches, le cœur battant, l’esprit anxieux, harcelé surtout par la crainte d’être ridicule ; et, soudain, il aperçut en face de lui un monsieur en grande toilette qui le regardait. Ils se trouvaient si près l’un de l’autre que Duroy fit un mouvement en arrière, puis il demeura stupéfait : c’était lui-même, reflété par une haute glace en pied qui formait sur le palier du premier une longue perspective de galerie. Un élan de joie le fit tressaillir, tant il se jugea mieux qu’il n’aurait cru.
N’ayant chez lui que son petit miroir à barbe, il n’avait pu contempler entièrement, et comme il n’y voyait que fort mal les diverses parties de sa toilette improvisée, il exagérait les imperfections, s’affolait à l’idée d'être grotesque. -
Mais voilà qu’en s’apercevant brusquement dans la glace, il ne s’était même pas reconnu ; il s’était pris pour un autre, pour un homme du monde, qu’il avait trouvé fort bien, fort chic, au premier coup d’œil.
Et maintenant, en se regardant avec soin, il reconnaissait que, vraiment, l’ensemble était satisfaisant.
Alors il s’étudia comme t'ont les acteurs pour apprendre leurs rôles. Il se sourit, se tendit la main, fit des gestes, exprima des sentiments : l’étonnement, le plaisir, l’approbation ; et il chercha les degrés du sourire et les intentions de l’œil, pour se montrer galant auprès des dames, leur faire comprendre qu’on les admire et qu’on les désire.
Une porte s’ouvrit dans l’escalier. Il eut peur d’être surpris et il se mit à monter plus vite et avec la ' crainte d’avoir été vu, minaudant ainsi, par quelque invité de son ami.
Guy de Maupassant, Bel-Ami, 1°” partie, Chap. 3.
Vous ferez de ce texte un commentaire composé. Sans dissocier le fond de la forme, vous pourrez, à l’aide des champs lexicaux, de la caractérisation, des connecteurs et autres outils pertinents, montrer que le personnage passe de l’anxiété à l'estime de soi.
Sujet III
Sujet de type 3 : Dissertation
Selon Philippe Sellier, les personnages des œuvres littéraires «incarnent notre désir d’échapper aux limites d’une vie terne pour accéder à la lumière, notre volonté de quitter les bas-fonds pour les hauts espaces... »
À la lumière des œuvres littéraires étudiées ou lues, discutez ces propos.