NB : Aucun document en dehors de ceux remis au candidat n’est autorisé.Le candidat traitera l’un des trois sujets au choix
Sujet de type I : Contraction de texte et langue
Extension de l’alcoolisme, péril majeur pour l’Afrique
L’Africain ne connaissait, avant l’arrivée des Européens que des boissons fermentées à faible degré alcoolique : vin de palme ou de raphia, apportant aussi de la vitamine C, avec souvent 4 degrés d’alcool ; bière de mil ou de mais, à 3.5 degrés d’alcool en moyenne, apportant aussi des protides et de la vitamine B 12.
L’alcoolisme s’accentua avec la traite ; ce fut, nous l’avons vu, le premier « cadeau » de l’Europe à l’Afrique. Désormais on distilla aussi la bière de maïs ou de manioc au Cameroun et en R.C.A, la bière de banane au Rwanda et Burundi, même l’eau sucrée fermentée…
Les importations de vins et d’alcools prirent une ampleur dangereusement accrue à partir de 1949. Depuis de lourdes taxes, comme aussi la baisse du café, ont parfois réduit ces importations. Ce fut alors au profit des boissons locales, et aussi bières « européennes » à fort degré d’alcool, de plus en plus fabriquées sur place. Désormais l’habitude est bien prise, l’intoxication accentuée, et seul le pouvoir d’achat limite la consommation. Aussi toute arrivée d’argent l’augmente vite, les pensions d’anciens combattants jouent un grand rôle. Les campagnes de traite de l’arachide, du café ou du cacao profitent surtout aux marchands de vins et débitants.
La boisson fermentée traditionnelle était de production familiale et se trouvait consommée surtout lors des fêtes rituelles. Désormais elle fait l’objet de commerce, on la voit transportée partout ; des cabarets ont fait, en zones riches surtout, leur apparition, vendant tous les jours de l’année, suivant les régions, du vin de palme, de la bière de mil ou des boissons importées. Les ravages sanitaires de l’alcoolisme ont pris des proportions inquiétantes ; plus importantes sont les conséquences économiques. Les mariages et funérailles engloutissent des sommes considérables, perdues pour l’épargne et les investissements, notamment au Sud Dahomey ; les dépenses de boissons en constituent l’élément le plus important (…)
L’influence des Européens vivant dans les « colonies » a été un facteur déterminant dans l’alcoolisation, considérée de leur fait comme une source de prestige. H. Bismuth et C. Ménage ajoutent : « il ne faut pas méconnaître également la puissance des marchands de vins, le grand commerce dans ces pays a de grands intérêts dans les alcools… une raison officiellement affichée, le danger de pousser les consommateurs sur les « redoutables » boissons locales… les marchands de vin et les chambres de commerce ne sont pas étrangers à de tels arguments. Cette même étude souligne les effets spécialement nocifs de l’alcoolisme des fonctionnaires :
« Les fonctionnaires échappent à la double tutelle qui régit l’alcoolisation d’une région : le pouvoir d’achat d’abord ; ensuite, en partie, la religion. Le pouvoir d’achat est égal pour tous, quel que soit le poste où ils se trouvent (à échelon égal) ; et, s’ils appartiennent à l’Islam, cet Islam s’estompe, en raison de leur affectation en un lieu bien souvent éloigné de leur région d’origine, sorte de détribalisation. Nous avons vu aussi le lourd tribut, proportionnellement aux autres couches de la population, qu’ils paient à l’alcoolisme(…)
« Outre ces conséquences habituelles, outre ce poids que représentent pour la nation ces alcooliques (les nombreux congés de convalescence), l’alcoolisation des fonctionnaires retentit fâcheusement sur la vie de la nation, car à côté de ceux dont l'imprégnation a entraîné des manifestations incompatibles avec la poursuite de leur travail, nombreux sont ceux dont l’intoxication est mineure mais arrive toutefois à compromettre leur service. Or leur charge est publique. L’atteinte d’une classe active, ayant la responsabilité du pays, aggrave les conséquences de l’alcoolisme(…) ».
La masse des investissements consacrés aux boissons alcooliques n’a pas été évaluée, mais elle apparait énorme. Aux brasseries locales s’ajoutent les bateaux-citernes (2000 à 20000 hl) et les wagons-citernes, qui ont remplacé les anciens fûts ; puis les autres installations de distribution.
René Dumont, L’Afrique noire est mal partie, Éditions du Seuil, 1962.
I-Résumé : 5points
Les quatre derniers paragraphes du texte comportent 328 mots. Vous en ferez un résumé de 82 mots. Une marge de 08 mots en plus ou en moins sera tolérée. Indiquez à la fin de votre résumé, le nombre exact de mots utilisés.
II-Discussion : 5 points
René Dumont déclare dans L’Afrique noire est mal partie que : « Les ravages sanitaires de l’alcoolisme ont pris des proportions inquiétantes ; plus importantes sont les conséquences économiques ».
Êtes-vous d’accord avec René Dumont que l’alcoolisme constitue un facteur de destruction sanitaire et économique de la société ?
III-Langue : 8points
1-Communication : 2points
a- La présence de l’émetteur est-elle explicite ou implicite dans ce texte ? Justifiez votre réponse. 1pt
b- Quelle est la thèse de l’auteur ? Justifiez votre réponse par deux mots ou expressions tirés du texte. 1pt
2-Morphosyntaxe : 2points
a- Soit la phrase : « Aux brasseries locales s’ajoutent les bateaux-citernes …, qui ont remplacé les anciens fûts. » Quelle est la nature de cette phrase ? Combien de propositions comporte-elle ? Identifiez leur mot de liaison, puis donnez sa nature. 1pt
b- Soit la phrase : « La masse des investissements consacrés aux boissons alcooliques n’a pas été évaluée, mais elle apparait énorme. » Relevez dans cette phrase un connecteur logique et donnez sa valeur d’emploi. 1pt
3-Sémantique/lexicologie : 2points
a- Soit l’extrait : « […] l’alcoolisation des fonctionnaires ralentit fâcheusement la vie de la nation. »
– A quel sen (dénoté ou connoté) est employé le mot « ralentit » dans cette phrase ? Employez-le dans une autre phrase où il aura un sens différent.
b- Quel est le champ lexical dominant dans ce texte ? Relevez-en quatre mots ou expressions et dites quelle est l’intention de l’auteur. 1pt
4-Stylistique/Rhétorique des textes : 2points
a- Quelle est la tonalité dominante dans ce texte ? Justifiez votre réponse. 1pt
b- A quel type appartient ce texte ? Justifiez votre réponse par deux indices textuels de nature différente. 1pt
IV-Présentation : 2points
Sujet de type II : Dissertation
Selon vous, le personnage principal de l’œuvre Bel-Ami est-il un héros ? Votre argumentation prendra appui sur vos connaissances tirées de cette œuvre.