Le candidat traitera l'un des trois sujets au choix
Sujet de type I
Sujet de type l : Contraction de texte et discussion
Texte :
Au temps où huit femmes sur dix étaient des paysannes, la maternité était le centre, la source, de toute la culture féminine. Féconde et nourricière, la mère mettait au monde de nombreux enfants, les nourrissait de son lait, les élevait comme elle voulait ou comme elle le pouvait jusqu’à ce qu’ils aient six ou sept. ans. Tout son travail entretenait leur existence : au potager, à la basse-cour, à l’étable, elle produisait des aliments ; à la cuisine, elle allumait et conservait le feu, elle cuisait la soupe et le pain ; elle filait, tissait, cousait, tricotait les vêtements ; au cours des grandes lessives et des grands nettoyages, elle accomplissait une œuvre rituelle de purification et de régénération z elle soignait les maladies, pansait les plaies, disait les paroles magiques, cueillait les plantes salvatrices ; elle connaissait les saints à invoquer, les prières appropriées ; elle allait en pèlerinage, offrait des ex-voto1 ; elle inventait des chansons, des jeux, des contes ; à ses filles elle communiquait son savoir et son savoir-faire ; avec les autres femmes elle formait des communautés d’entraide. Assurément, la mère était un des piliers de la société rurale, mais au prix de quelles fatigues, de quelles privations, de quelles angoisses !
Au cours du XIXe siècle, la maternité rustique perd ses pouvoirs. La réduction des naissances, la révolution industrielle, l’urbanisation remettent en question cette fonction et cette culture fondamentales. Pour beaucoup de femmes, le travail productif va être dissocié de la maternité. En idéalisant le métier de mère, les hommes du XIXe siècle n’ont fait qu’exprimer leur crainte devant cette évolution entrevue et redoutée, leur désir, d’empêcher l'inévitable. Comme si, dans un monde en mutation accélérée, ils avaient voulu charger la mère de garder un point stable. Longtemps on a regardé comme provisoire ce partage de la femme entre la maternité et le travail ; on a même espéré ‘revenir en arrière ; ramener la mère au Foyer. Mais quel foyer ? Et pour quelles responsabilités ? Désormais, c'est la société tout entière qui s’applique à élever l'enfant : le médecin et ses auxiliaires, l'enseignant, le juge, le psychologue, l’éducateur. La maternité éclate en fonctions multiples ; elle échappe à l’individualisme familial et prend une dimension collective. Nous entrons dans un nouvel âge de l’histoire des mères. Comment s’y définira le rôle de celles qui enfantent ? Elles n’en décideront pas seules, mais, consciemment ou non, elles orienteront l’avenir. Car, le passé le montre, elles ne se laissent pas gouverner aussi aisément que le voudraient les puissants.
Ce qui est nouveau, de notre temps, c’est moins la liberté des mères que leur degré de conscience. Leur liberté reste encore souvent formelle, limitée par des conditions économiques, des contraintes sociales, l’inertie des mentalités. Mais leur conscience s’éclaire : à la différence des mères du passé, elles deviennent de plus en plus lucides devant la maternité. Elles se demandent désormais si elles veulent un enfant et pourquoi elles le veulent, quand, où et comment elles le mettront au monde ; elles s’interrogent sur les sentiments qu’elles lui portent, sur la charge, la responsabilité qu’il représente, sur le pouvoir qu’elles exercent en l’aimant et en l’élevant, sur le rôle du père.
Il ne sera plus possible à l’avenir de leur dicter leur conduite. L’histoire des mères les aidera à comprendre quels déterminismes pèsent sur elles et à trouver la volonté de les infléchir. Mais dans quel sens ? Dans quel but ? C’est à elles d’en décider.
Yvonne KNIBIELHER et Catherine FOUQUET, Histoire des Mères, 1977.
l. Résumé : 8 points
Ce texte comporte 593 mots. Vous en ferez un résumé de 150 mots. Une marge de I5 mots en plus ou en moins sera tolérée. Vous indiquerez à la fin de votre résumé, le nombre exact de mots utilisés.
2. Discussion : 10 points
Yvonne KNIBIELHER et Catherine FOUQUET affirment : « Les mères deviennent de plus en plus lucides devant la maternité. »
En prenant appui sur votre environnement socioculturel, pensez-vous vraiment que toutes les mères planifient désormais les naissances ? Vous répondrez à cette question dans un développement bien structuré et illustré d’exemples précis tirés de votre culture.
3. Présentation : 2pts
Sujet de type II
Sujet de type 2 : Commentaire composé
ENGOME, reprenant sa question
Mais quand reviendras-tu ?
DUALLA MANGA
Je ne peux pas te dire exactement quand je reviendrai. (Fuyant son regard) Mais, puisqu’on commence déjà à me laisser sortir, j’espère que ma libération ne va plus tarder. C’est fort probable que d'ici peu, nous soyons encore ensemble comme par le passé. (La fixant dans les yeux.) Mais, si contre toute attente il arrivait que je ne revienne pas vite, ou que je ne revienne pas du tout...
ENGOME, l’interrompant
Je t’en prie, arrête ! N’envisage pas une telle éventualité...
DUALLA MANGA
L’homme propose, et Dieu dispose. Je peux me mettre à espérer que je serai bientôt libéré alors qu’en fait c’est la mort qui m’attend. Ainsi donc, s’il arrivait que nous ne nous revoyions plus, ne te laisse pas aller au découragement, prends ma place auprès de nos enfants ; sois en même temps leur père et leur mère. Apprends-leur à aimer leur patrie plus que leur propre vie. Repère-leur sans cesse que quiconque trahit son pays sera frappé de malédiction, lui et toute sa progéniture. Fais naître et grandir en eux l’amour fraternel, l’amour du travail et le goût de l’effort. Raconte-leur souvent l’histoire de ma vie. Visite et réconforte toutes les femmes dont les maris sont en détention à cause de leur patrimoine... Que ta force morale leur soit un enseignement efficace et vivant.
(L embrassant.) Au revoir ! Une tâche immense t’attend... Ne te repose pas avant de l’avoir achevée. Je vous confie sous la protection du Dieu Tout-Puissant. Il vous gardera jusqu’au jour où lui-même nous rassemblera de nouveau. (Pendant que Dualla Manga s’en va, Engome retourne dans la chambre en pleurant.)
DUALLA MANGA
(Il se retourne et regarde son épouse entrer dans la chambre tout en pleurs. Affligé, il entre dans une profonde réflexion.)
Mon Dieu ! Quelle épreuve ! Pourquoi Zimmerman m’a-t-il accordé l’autorisation de venir dire adieu à ma famille ? Si je réintègre la prison, ne me traitera-t-il pas de dernier des imbéciles ? Et si je ne la regagne pas, serais-je encore digne d’être appelé un homme d’honneur ? Que faire ?...
David Mbanga Eyombwam, Ngum a Jemea, Acte V, Scène 3.
Sans dissocier l’analyse du fond de celle de la forme, vous ferez de ce texte un commentaire composé. En prenant appui sur la tonalité, la ponctuation, les champs lexicaux, les figures de style, etc. vous pourrez, si vous le voulez, montrer comment l'adieu de Dualla Manga à sa famille, se heurte à son embarras et au désespoir de son épouse.
Sujet de type III
Sujet de type 3 : Dissertation
Victor Hugo affirme : « Quand on creuse l’art, au premier coup de pioche, on entame les questions littéraires, au second, les questions sociales. »
Commentez cette affirmation en illustrant votre argumentation par des exemples précis tirés des œuvres littéraires lues ou étudiées.