Le candidat traitera l'un des trois sujets au choix
Sujet I
Sujet de type I : Contraction de texte et discussion
Par l’image et l’écrit, l’Occident diffuse des contenus et des formes qui ont pour objet d’avaler les valeurs de civilisation d’Afrique. Or, parmi les choses qui rendent l’homme réellement humain, qui donnent à un peuple sa dignité, il y a l’expression culturelle.
C’est sur le terrain que l’on vérifie concrètement que la mondialisation se réduit en fait à l'occidentalisation des valeurs de civilisation, en marginalisant voire détruisant les autres cultures quelles que soient par ailleurs les valeurs positives qu’elles sont censées véhiculer et qui peuvent être profitables à l’humanité.
Il est vrai que l’Afrique est inondée par l’écrit, l’image, et le son, de produits culturels en provenance de l’Occident qui dispose de puissants canaux de diffusion de ces produits pour atteindre les villages et hameaux les plus reculés dans la brousse africaine. Ainsi 70% des programmes de télévision, 99% des films projetés jadis dans les salles de cinéma en Afrique sont des productions extérieures et 90% des écrits qui y circulent sont d’origine occidentale. Si l’on y ajoute les gammes du multimédia et de l’Internet, on mesure à sa juste valeur l’ampleur destructrice de l’invasion culturelle du continent qui semble démuni pour y faire face. On aurait eu peu à redire si ces produits culturels avaient des contenus plus enrichissants et valorisants au lieu de toujours mettre en relief les bas instincts de l’homme. En vérité, l’Occident nous envoie rarement ses meilleures productions culturelles et artistiques ! Or, force est de reconnaître que chaque production culturelle véhicule évidemment une vision du monde, des valeurs, des croyances et des comportements qui sont susceptibles de conditionner puissamment et de changer les attitudes « du consommateur ». Il est, en effet, prouvé dans l’histoire que toutes les dominations politiques durables, tout comme les résistances conséquentes à la domination ont été d’abord sur le socle culturel. Le conflit Islam/Politique assimilationniste du système colonial français dans une partie de l’ex-A.O.F. en est une illustration.
Si la situation semble aujourd’hui catastrophique pour l’Afrique dans son rapport culturel à l’Occident, c’est parce que sa jeunesse a été fragilisée et rendue trop poreuse par défaut de repères culturels solides, à cause d’une urbanisation galopante et anarchique, et, parce que l'école africaine a jusqu’à maintenant échoué dans la mission d’enracinement dans les valeurs culturelles fondamentales. C’est pourquoi, des contre-valeurs, comme la banalisation de la sexualité, de la violence, de la drogue, de l’alcoolisme et du tabagisme, largement diffusées à travers divers supports technologiques et médiatiques font des ravages parmi les jeunes devant l’impuissance voire la démission des parents et des pouvoirs publics.
Comment préparer alors la jeunesse africaine à affronter cette situation irréversible d’ouverture toujours plus large au monde ? Cette question semble difficile à résoudre, mais elle est bien cernée dans toute sa complexité.
Au total, la mondialisation néolibérale signifie aujourd’hui pour les Africains, domination, perte de souveraineté des États, pauvreté et marginalisation. Autrement, cette mondialisation est en passe de réussir ce que le grand penseur et éminent poète Léopold Sédar Senghor a appelé « une civilisation universelle, imposée par la force », mais pas « la civilisation de l’universel qui se situe exactement au carrefour des valeurs complémentaires de toutes les civilisations particulières ».
Il faut dès lors une autre mondialisation. Mais laquelle ? De quel contenu ? Et comment y parvenir ?
Notre rêve en Afrique, c’est une mondialisation plus humaine, plus généreuse, au bénéfice de tous les peuples de la planète. Comment y parvenir ? Comment influencer le cours de l’évolution en faveur des Africains ? De telles interrogations relèveraient, pour beaucoup, de la naïveté, de la débilité, voire de la folie. Peu importe ! Toujours est-il que l’Afrique se doit d’abord de « cultiver son jardin ».
Amadou Diaoune, « Perspectives éducatives pour la renaissance africaine ».
1. Résumé /8 pts.
Ce texte comporte 645 mots, vous le résumerez en 161 mots. Une marge de 167 mots en plus ou en moins est accordée. Vous préciserez le nombre de mots utilisés à la fin de votre résumé.
2. Discussion / 10pts
Dans la perspective d’une mondialisation juste et équitable, Amadou Diaoune estime que l’Afrique doit d’abord valoriser sa propre culture. Partagez-vous son point de vue ? Vous répondrez à cette question dans une argumentation étayée d’exemples précis tirés de votre culture.
3. Présentation / 2pts.
Sujet II
Sujet de type II : Commentaire composé
Je voulais aider. Bien. J ’étais tout à fait sincère. Mais je voulais le faire à ma façon. Et je suis blanc ; ils sont noirs. Je croyais qu’il était encore possible de transcender notre « blancheur » et notre « noirceur ». Je croyais que tendre la main et toucher l’autre par-dessus l’abîme suffirait. Mais j’ai saisi si peu de chose, comme si les bonnes intentions pouvaient tout résoudre. C’était présomptueux de ma part. Dans un monde ordinaire, dans un monde naturel, j’aurais pu réussir. Pas dans cette époque dérangée, divisée. Je peux faire tout ce que je peux pour Gordon ou pour ceux qui sont venus me voir. Je peux me mettre à leur place ; je peux éprouver leurs souffrances. Mais je ne peux pas vivre leur vie à leur place. Que pouvait-il sortir de tout ça, sinon l’échec ?
Que je le veuille ou non, que j’aie envie ou non de maudire ma propre condition - et ça ne servirait qu’à confirmer mon impuissance - je suis blanc. Voilà l’ultime et terrifiante vérité de mon univers brisé. Je suis blanc. Et parce que je suis blanc, je suis né dans un état privilégié. Même si je combats le système qui nous a réduits à ça, je reste blanc et privilégié par ces mêmes circonstances que j’abhorre. Même si je suis haï et fui, écarté et persécuté et, pour finir, détruit, rien ne pourra me faire devenir noir. Ainsi, ceux qui le sont ne peuvent que se méfier de moi. À leurs yeux, mes efforts pour m’identifier à Gordon, sont obscènes.
Chaque geste que je fais, chaque acte que je commets dans mes efforts pour les aider leur rend plus difficile la tâche de définir leurs besoins réels, de découvrir par eux-mêmes leur intégrité, d’affirmer leur dignité.
Comment pourrions-nous espérer transcender les notions de prédateur et de proie, de celui qui aide et de celui qui est aidé, de Blanc et de Noir, et trouver une rédemption ?
D’autre part, que puis-je faire d’autre que ce que j’ai fait ?
Je ne peux pas décider de ne pas intervenir. Ce serait nier tout ce en quoi je crois ; ce serait nier que la pitié peut survivre parmi les hommes. En n’agissant pas comme je l‘ai fait, je refuserais la possibilité de cet abîme à combler.
Si j’agis, je ne peux que perdre. Mais si je n’agis pas, c’est une défaite différente, tout aussi décisive, peut-être pire. Parce qu’à ce moment-là, je n’aurais même plus ma conscience à moi.
André BRINK, Une Saison Blanche et Sèche, IV4.
Vous ferez de ce texte un commentaire composé sans dissocier l’analyse du fond de celle de la forme. Vous pourrez par exemple, si cela vous agrée, partant de l’énonciation, des temps verbaux, des champs lexicaux, etc., montrer la désillusion du héros au moment où il fait le bilan de son engagement en faveur des Noirs.