Correction sujet I
Sujet de type 1 : Contraction de texte et discussion
1. Indications pour le résumé 8 pts
Thème : L’invasion culturelle de l’Afrique.
Thèse : Les valeurs culturelles de l’Afrique sont phagocytées par celles de l’Occident.
Structure du texte : Le texte est constitué de 8 paragraphes dont les idées essentielles sont les suivantes :
Paragraphe 1 : Grâce à ses puissants moyens de diffusion, l’Occident inonde l’Afrique de productions culturelles qui étouffent la créativité locale, socle de l’humanité.
Paragraphe 2 : La mondialisation consiste en effet à diffuser les valeurs occidentales au détriment des autres cultures, même si certaines valeurs véhiculées ainsi peuvent s’avérer positives.
Paragraphe 3 : L’Afrique est entièrement envahie par des produits culturels occidentaux. Ainsi, la majorité des œuvres culturelles consommées en Afrique émanent de l’Occident. Malheureusement, le continent noir est impuissant face à cette invasion de productions de basse qualité, qui idéalisent les bas instincts. Pourtant, c‘cst par la culture que l’on peut promouvoir des valeurs susceptibles d’améliorer les comportements. Car la culture est un puissant moteur de changement.
Paragraphe 4 : Or, sur le plan culturel, l’Afrique est très faible face à l’Occident car sa jeunesse, à cause d’une urbanisation anarchique et d’une éducation n’ayant pas installé des valeurs culturelles fondamentales, absorbé sans discernement tout ce qui vient de l’Occident
Paragraphe 5 : Face aune telle vulnérabilité stimulent préparer les jeunes Africaines à affronter la mondialisation ?
Paragraphe 6 : La mondialisation telle qu’elle est vécue induit pour les Africains assujettissement, misère et exclusion. Elle promeut une civilisation universelle biaisée, car ne prenant en compte que les cultures fortes.
Paragraphe 7 : Dans ces conditions, il faut refonder la mondialisation. Mais sur quelles bases ?
Paragraphe 8 : Pour les Africains, la mondialisation devrait être plus juste et équitable afin de profiter à tous les peuples de la planète. Mais comment y parvenir ? L’Afrique devrait y réfléchir.
Discussion :
Dans la perspective d’une mondialisation juste et équitable, Amadou Diaoune estime que l’Afrique doit d'abord valoriser sa propre culture. Partagez-vous ce point de vue. Vous répondrez à cette question dans une argumentation étayée d’exemples précis tirés de votre culture.
Thème : La valorisation de la culture africaine comme condition sine qua non (Pane mondialisation juste et équitable.
Thèse : L’Afrique doit d’abord valoriser sa propre culture si elle veut promouvoir une mondialisation juste et équitable.
Problématique : La valorisation de la culture africaine constitue-telle la condition incontournable pour une mondialisation juste et équitable ?
Type de plan : Le sujet incline à adopter un plan dialectique.
Plan possible :
Première partie : La valorisation de la culture africaine comme facteur d’une mondialisation juste et équitable.
I. Une meilleure connaissance de soi-même et de son environnement.
• La maîtrise des us et coutumes du terroir : Les jeunes Africains, avant d’aller à la rencontre d'autres peuples et d’autres cultures, doivent d’abord maîtriser leurs propres us et coutumes. Cela passe par la connaissance de leurs langues nationales, de leurs coutumes et de leurs valeurs. Il est en effet difficile d'exprimer sa personnalité dans une langue d’emprunt. Ainsi, les systèmes éducatifs africains devraient promouvoir davantage la maîtrise des langues africaines par les apprenants. Ils devraient également les aider à mieux connaître et comprendre les rites et usages culturels, notamment, la célébration des naissances ou de la mort, etc. Armes d’un tel bagage, les Africains ne recopieraient plus de manière servile ce que propose l’Occident.
• Les jeunes Africains devraient accéder aux œuvres significatives de la culture de leur terroir. Ces œuvres, vecteurs de la sagesse et de la morale ancestrale, aident les jeunes Africains à acquérir des repères culturels et historiques pouvant leur permettre de ne pas embrasser sans discernement ce qui vient d'ailleurs. En Afrique, on est très attache au respect des aînés et des traditions, à la pudeur et aux bonnes mœurs. Un plus grand attachement à ces valeurs permettrait aux jeunes Africains de ne pas se présenter démunis au rendez-vous du donner et du recevoir. Or, ces valeurs étaient véhiculées à travers des contes ou des palabres. Les Africains gagneraient donc à promouvoir ces plates-formes d’échanges qui constituent une armature morale pouvant prémunir contre le complexe d’infériorité qui fait des Africains des consommateurs passifs des produits culturels occidentaux.
2. L’exploitation des ressources de l’Afrique par les Africains eux-mêmes.
• Ancrés dans leur propre réalité, de jeunes Africains qui connaissent leur environnement pourraient mieux s’y intéresser et, par conséquent œuvrer pour développer leur continent. Ils pourraient apprendre à prospecter, à découvrir et à exploiter les richesses de leur sous-sol. Résultat, ils pourraient fixer eux-mêmes les taux de leurs produits qui seraient à leur avantage. Ils vaincraient ainsi la pauvreté et ne seraient plus marginalisés dans le concert des nations.
• En sachant exploiter les richesses de leur terroir, les Africains ne se présenteraient pas au rendez-vous de la mondialisation uniquement en demandeurs. Le continent africain est, par ses ressources naturelles, l'un des plus riches de la planète. Si les Africains exploitent et commercialisent eux-mêmes ces ressources, ils deviendraient les hommes les plus riches de la planète et n’auraient plus à subir le diktat des puissances occidentales.
Transition : Avant de s’aventurer à la rencontre des autres, les Africains devraient maîtriser leurs langues, leurs cultures et donc leur environnement. Ils seraient ainsi mieux ancres dans leur univers et pourraient-adopter des ‘savoir-faire aptes à développer leur continent. Des lors, l’Afrique pourrait se présenter au rendez-vous du donner et du recevoir en continent pair des autres. Mais la maîtrise des langues et des cultures africaines constitue-t-elle l’unique facteur d’une mondialisation juste et équitable ?
Deuxième partie : Les autres facteurs d’une mondialisation juste et équitable.
1. La maîtrise des sciences et des technologies.
De nos jours, la maîtrise des sciences et des technologies est une nécessité indéniable. Or les Africains consomment des technologies importées et parfois inadaptées à l’environnement du continent noir. La maîtrise des sciences et des technologies adaptées à l’Afrique pourrait hisser les Africains au même rang que les autres continents.
2. La recherche de l’équité dans les organisations sociales.
Dans toutes les cultures l'homme est considéré connue la plus grande richesse. Des lors, toutes les mesures doivent être prises pour l’encadrer et le protéger. Une société qui se meut respectable doit mettre sur pied une législation et des institutions aptes à assurer le bien-être et la sécurité des personnes. De ce fait, elle doit promouvoir des écoles pouvant former la jeunesse et des hôpitaux où les malades peuvent se soigner dans le respect de leur dignité. Être obligé d’aller former sa jeunesse ou d’aller soigner ses malades ailleurs par manque d’infrastructures fragilise une nation. À titre illustratif, au plus fort de la crise sanitaire due au Covid19, Marine Le Pen, une femme politique française a, dans une sortie médiatique, mis les dirigeants africains en garde contre la tentation d'aller se faire soigner en France. Ils ont eu, leur a-t-elle rappelé, une soixantaine d’années pour développer leur propre système de santé. Un pays / continent qui se présente toujours devant les autres en demandeur se fragilise, devient méprisable à leurs yeux.
3. La promotion des libertés individuelles.
Les dirigeants africains ne cessent pas de tripatouiller les constitutions pour se maintenir éternellement au pouvoir.
Ce qui leur attire les regards condescendants de leurs homologues occidentaux. Ceux-ci se permettent de donner des leçons de gouvernance aux dirigeants Africains. Ce qui ne leur attire pas le respect des autres. Dans ces conditions, on ne saurait prétendre à une mondialisation juste et équitable.
Synthèse : La maîtrise de la culture africaine par les fils de ce continent constitue certes un atout indéniable pour une mondialisation juste et équitable. Mais, elle est loin d’être le seul préalable à une meilleure considération de l'Afrique au concert des nations. Il faudrait encore que les dirigeants africains mettent sur pied des systèmes de protection des personnes et des biens et surtout des institutions fiables qui les mettraient à l'abri des regards condescendants de leurs homologues étrangers.
Correction sujet II
Sujet de type 2 : Commentaire composé
Situation du texte : Le texte est tiré du chapitre 4 de la quatrième partie d’Une Saison blanche est sèche, roman de l’écrivain blanc Sud-Africain, André Brink. Il présente Ben Du Toit qui, au terme d'une quête infructueuse de la justice dans une société régie par l’apartheid, fait le point.
Idée générale : La désillusion de Ben Du Toit au terme de son engagement on faveur des Noirs.
Plan possible : Deux centres d’Intérêt passibles : les espérances déçues de Ben du Toit et les raisons de son échec.
1ère centre d’intérêt : Les espérances déçues de Ben du Toit an terme de son combat en faveur des Noirs.
1. Le monologue intérieur de Ben Du Toit.
• L’introspection de Ben Du Toit : À travers l’énonciation, on peut repérer dans le passage de nombreux indices de la première personne, notamment, les pronoms personnels : "je”, 18 occurrences. “j”, 4 occurrences, “m”, “me” 4 occurrences ; les adjectifs possessifs : “ma”, “mes", “mon" ; les marques du jugement : “tout à fait”. “si peu de chose", “j’abhorre"... Tous ces indices de l'émetteur renvoient à Ben du Toit qui se parle à lui-même dans un monologue intérieur pour établir le bilan de l’échec de sa quête à réconcilier Blancs et Noirs et en exposer les maisons.
• L’engagement de Ben Du Toit ; par l’emploi des verbes conjugués à l’imparfait de l’indicatif à valeurs durative : “je voulais”, ‘j’étais”, “je croyais”, "c’était”, “pouvait. “pouvaient”. Ben Du Toit expose les motivations et les espérances qui ont fondé ses actions : aider les Noirs, poser sur eux un regard différent, moins stigmatisant que celui de ses compatriotes blancs. Cet engagement est aussi perceptible à travers le champ lexical des visées avec les mots et expressions comme: “je voulais aider”, “j’étais tout à fait sincère", “je voulais le faire”, “transcender”, “tendre la main”, “toucher l’autre par-dessus l'abîme", “bonnes intentions”, “faire tout ce que je peux pour Gordon”, “me mettre à leur place". Ce champ lexical révèle les projets que Ben Du Toit avait nourris pour essayer de taire évoluer la situation des Noirs.
• L’échec de la quête de Ben : grâce aux verbes conjugués au présent de l’indicatif : “suis”, “peux”, “reste”, “j’abhorre", “ne peuvent que”, “sont obscènes”, Ben établit le constat de l’échec de sa quête. Il va plus loin en montrant, par d'autres indices, que son échec était inéluctable. Au nombre de ces indices, nous pouvons citer la conjonction de coordination “et” qui, dans sa première occurrence, a une valeur oppositive, pour souligner le contraste entre l’intention, louable d’aider, et son état de blanc qui invalide cette bonne disposition. De même, l’emploi du conditionnel présent “suffirait”, “ne servirait", “pourrions-nous”, "serait”, "refuserais" et du conditionnel passé “j’aurais pu", expression de l’irréel, indique que le succès des actions de Ben était impossible. En outre, l’interrogation rhétorique, affirmation détournée et interpellatrice présente l’échec de Ben comme une fatalité. “Comment pourrions-nous espérer transcender les notions de prédateur et de proie, de celui qui aide et de celui qui est aidé, de Blanc et de Noir, et trouver une rédemption ?” et “Que pouvait-il sortir de tout ça, sinon l’échec ?”.
Transition : Ben se livre à une introspection qui révèle son engagement franc et sincère en faveur des Noirs ; engagement qui se solde par un échec cuisant et manifestement inéluctable. Mais qu’est-ce qui justifie une telle déconvenue ? Ben se résignera-t-il pour autant à abandonner les Noirs à leur triste sort ?
2ème centre d’intérêt : Les raisons de l’échec de Ben du Toit et sa détermination à défendre les Noirs malgré tout.
1. Les raisons de l’échec de Ben Du Toit
• L’impossibilité pour Ben de convaincre les Noirs de la sincérité de son engagement. La ségrégation raciale institutionnalisée a érigé entre les Blancs et les Noirs des barrières infranchissables. Le texte est en effet traversé par l’antithèse qui révèle l’opposition irréductible des Blancs et des Noirs. “ je suis blanc ; ils sont noirs” “blancheur”, “noirceur”, “prédateur”, “proie” et met en relief des divisions qui ne peuvent, par la volonté d’un seul homme, être dépassées. L’étanchéité des barrières érigées entre les deux races se traduit aussi dans le texte par l'emploi d'un vocabulaire péjoratif" ; “abîme “époque dérangée, divisée", "ultime et terrifiante vérité de mon univers brisé", "le système qui nous a réduits à ça”. “ces mêmes circonstances que j’abhorre”. Cette caractérisation dépréciative met en évidence les dysfonctionnements du régime de l’apartheid qui ne laisse aucune place à l’humanité et à la solidarité interraciale.
• La méfiance des Noirs vis-à-vis de Ben. Exclus et chosifiés par l’odieuse politique de l'apartheid, les noirs ne font plus confiance aux Blancs. Être Blanc disqualifie d‘emblée Ben en le plaçant du côté des oppresseurs, si bien que toute tentative de conciliation se révèle nulle et de nul effet. D’où le constat amer de Ben : « Que je le veuille ou non [...] je suis blanc ». La graphie différente de l‘amer constat “je suis blanc" (en italique dans le texte) qui venaient comme un leitmotiv dans l’extrait souligne d’un trait particulier cette condition qui invalide tout élan de compassion, toute tentative d’assistance émanant de Ben. Aussi, les Noirs refusent-ils d’accueillir favorablement la main tendue de Ben. La suspicion des Noirs à l’égard de Ben est également perceptible à travers le champ lexical de la méfiance constitué par les mots et expressions : “se méfier de moi”, “à leurs yeux, mes efforts [...] sont obscènes”, “chaque geste que je fais [...] leur rend plus difficile la tâche”. Le héros se sent donc rejeté par les Noirs dont il voulait pourtant défendre la cause. Malgré sa sincérité, malgré ses bonnes intentions, Ben reste incompris par ceux-là mêmes qu’il cherche à aider.
2. La détermination de Ben Du Toit à rendre justice aux Noirs malgré tout.
• L’engagement du héros à poursuivre sa mission.
Ben du Toit est détermine’ à défendre la cause de l‘homme noir. Son rêve, bien qu’illusoire, est de mettre fin aux inégalités, aux divisions sociales. Le héros s’engage à valoriser l’image du noir, à défendre ses intérêts et à lui redonner sa dignité. Il déclare à cet effet : «je ne peux décider de ne pas intervenir. Ce serait nier tout ce en quoi je crois; ce serait nier que la pitié peut survivre parmi les hommes ».
• La détermination du héros.
Ben du Toit s’arme de courage et de force pour affronter la réalité. Conscient de l’échec qui, immanquablement risque de couronner son entreprise, il choisit l’alternative qui lui permettra de ne pas perdre la face et de rester cohérent vis-à-vis de lui-même : « si j’agis, je ne peux que perdre. Mais si je n’agis pas, c’est une défaite différente, tout aussi décisive, peut-être pire ». Il préfère encore une action qui se solde par un échec à l’inaction.
Synthèse : Ben Du Toit a compris que les raisons de son échec à défendre la cause de la race noire sont systémiques. Cependant, il ne baisse pas les bras. Il préfère encore lutter contre des moulins à vent que de rester inactif.
Intérêts du texte :
Intérêt stylistique : La richesse des procédés d’écriture.
Intérêt psychologique : Le sursaut de détermination de Ben Du Toit suite à l’abattement provoqué par son échec.
Intérêt dramatique L’intention affirmée de Du Toit de poursuivre son combat malgré son échec.
Intérêt sociologique : Le peinture sans fioriture de la société sud-africaine pendant l’apartheid.
Correction sujet III
Sujet de type 3 : Dissertation : Le poète Pablo Neruda affirme : « La poésie est une insurrection ».
Expliquez et discutez cette affirmation en vous fondant sur des exemples précis tirés des œuvres poétiques que vous avez lues ou étudiées.
Thème : La fonction du texte poétique.
Reformulation : La poésie constitue un cri de révolte.
Problématique : La finalité de l’œuvre poétique se réduit-elle à dénoncer les dysfonctionnements de la société ?
Type de plan : Dialectique
Plan possible :
1ère partie : L’œuvre poétique comme expression de la révolte de son auteur.
1. L’œuvre poétique comme moyen d’expression.
• Le poète doté d’une sensibilité particulière, a pour rôle de dévoiler les maux qui gangrènent la société. A ce sujet, le poète contemporain Yves Pères écrit : « Un poète en un sens, est un homme qui garde toujours le don de s ‘étonner [] Il nous aide à comprendre le monde en aiguisant nos sens, en nous rendant plus sensibles devant la vie ». Le poète attire l’attention du public sur des réalités qui passaient peut-être inaperçues.
• Le poète est le porte-parole des opprimés. Dans ce sens, Aime Césaire déclarait : « J’arriverai à ce pays mien et je lui dirai : embrassez-moi sans crainte, Et si je sais que parler, c’est pour vous que je parlerai »
2. L'œuvre poétique porteuse des révoltes du poète.
• Le poète fustige les dysfonctionnements de la société. A titre illustratif, dans Balafon, Engelbert Mveng dénonce les exactions que l’Europe a perpétrées en Afrique : « Tu étais la punique de mes villages de sommeil, le bâillement du béhémoth sur Eden de bananes » Il reproche à l’Europe l’hypocrisie dont elle a fait preuve vis-à-vis de l’Afrique : « Tu es mon Europe binaire qui marche à droite et regarde à gauche ». Il condamne le paternalisme de l’Europe à l’égard de l’Afrique : « En Afrique, on n'aime pas les hommes comme on aime ses colonies, comme on aime les peuples protégés, les peuples grands enfants dormant sous la tutelle, à l’abri des soucis. Des dangers, à l’abri à l’abri d’eux-mêmes, absents de leur destin, avec le grand manteau des sollicitudes, des assistances, avec le déploiement des deux ailes de l’ « amitié ».
• Les combats que les poètes engagent contre les imperfections de la société visent en fait le changement pour un mieux-être. Dans ce sens, Gilles Vigneault a affirmé ; « Tous les poètes sont engagés : ils doivent être des révolutionnaires. Non pas en maniant des bombes, mais par leur désir de changer le monde, de l’améliorer. » et René Char d’ajouter, « La poésie est du savon philosophal, elle nous lave de nos impuretés ».
• C’est avec des mots que les poètes mènent leurs combats. Pour Aimé Césaire, les mots sont des « armes miraculeuses ». Dans la même lancée, Jean Paul Sartre affirme : « Les mots sont des pistolets chargés. »
Transition : Les œuvres poétiques dénoncent certes les dysfonctionnements que le poète observe dans la société. Cependant ne peuvent-elles pas assumer d’autres fonctions ?
2ième partie : Les autres fonctions de la poésie.
1. La fonction esthétique
• La poésie est d'abord et avant tout un travail de recherche sur le langage. C’est un art qui vise à exprimer ou à suggérer quelque chose au moyen des combinaisons verbales où le rythme, l'harmonie et l’image, ont autant et parfois plus d’importance que le contenu intelligible lui-même. La poésie a un rapport musical au langage. D’où ‘usage des rimes, des assonances, des allitérations, et d’autres moyens visant à créer l’harmonie sonore. Parfois cette recherche vise aussi l’harmonie visuelle qui résulte de la disposition en vers ou en strophes. Dans certains cas, cette disposition rappelle l’objet dont il est question. C’est l’exemple des calligrammes.
• Les poètes usent de beaucoup d’artifices langagiers pour agrémenter leurs œuvres. Ils se servent d’un vocabulaire très recherche. Les “Lettres à mes amis" recèlent ainsi des mots rares comme “dentelle mélanésienne”, “ceinture purpurine”, “corail sardonien“, “galions lusitaniens”, et la liste n’est pas exhaustive. En outre, les poètes utilisent des figures de style. Ainsi, dans Balafon, Engelbert Mveng, pour présenter l’Asie, l’Europe et l’Amérique utilise des métonymies. Ces continents sont en effet représentés par les figures emblématiques ou symboliques qui ont marqué leur histoire : Kong Fu Tseu pour l‘Asie, Roland Roger pour l‘Europe et Moctezuma pour l’Amérique. On peut aussi relever les hyperboles comme “le déluge des mensonges"‘. “le grand cimetière du serment de l’amitié’’. etc.
2. La fonction didactique.
• Le poète a pour responsabilité de conduire le peuple. Pour Victor Hugo le poète est un visionnaire, un guide qui vient éclairer les hommes et les conduire vers un avenir meilleur. « Le poète en des jours impies // Vient préparer des jours meilleurs. // Il est l’homme des utopies. // Les pieds ici, les yeux ailleurs. // C’est lui qui sur toutes les têtes, // En tout temps, pareil aux prophètes, // Dans sa main, où tout peut tenir, // Doit, qu’on l’insulte ou qu’on le loue, // Comme une torche qu’il secoue, // Faire flamboyer l’avenir
3. La fonction ludique.
La poésie est un acte de création d’une réalité nouvelle par la magie des mots. La poésie crée un monde de rêve, un monde « plus vaste et plus beau que celui qui nous est donné », selon la formule de Marguerite Yourcenar. C’est dire que le monde de la poésie est souvent une déformation embellie et idéalisée de la réalité. Par exemple, lorsque dans Balafon, Engelbert Nlveng déclare que « En Afrique, / C'est l'homme que l'on aime, / Parce qu'il est homme / Tout simplement / Comme nous ! », on a du mal à établir un lien entre cette Afrique idyllique et notre continent constamment ensanglanté par des guerres fratricides.
4. La fonction épidictique.
Elle permet au poète de célébrer une personne ou une situation. Dans Balafon, Engelbert Mveng fait l’éloge de sa mère : « Avec les dix doigts de fidélité, Tu m’as tissé le pagne de ma chair » (Mère). Il célèbre également l’Afrique : « Mais en Afrique // c’est l’homme // L’homme que l'on aime // Parce qu’il est homme // tout simplement // Comme nous ! ».
Synthèse : La poésie dénonce les imperfections de la société. Mais telle n’est pas son unique mission. Elle procure une émotion esthétique, enseigne, loue, divertit. On se demande dès lors si une telle richesse peut se laisser enfermer dans une formule lapidaire.